Exposés Civi et Actu

Exposé Adama (EC2): le mercredi 12 février à Séville


Séville, capitale d’une autonomie

Séville, grande ville du Sud, est la capitale de la province de Séville et de l’une des plus grandes communautés autonomes (CC AA) d’Espagne, l’Andalousie.
Peuplée de plus de 700 000 habitants et située au cœur d’une riche région agricole, elle est traversée par le Guadalquivir et reliée à un important réseau de communications. Tous ces éléments confèrent à la ville le rôle de centre économique, politique et culturel d’Andalousie mais en fait aussi l’une des plus importantes villes d’Espagne.
De plus, Séville est une ville marquée par un passé prestigieux, dont elle a hérité un patrimoine culturel et artistique très dense, ce qui en fait une ville d’une grande renommée et très prisée touristiquement.


I)                 L’histoire de Séville et de la communauté andalouse

Séville occupe une place particulière dans l’histoire de l’Espagne, en effet elle ne cesse de jouer un rôle politique, culturel, économique et religieux de premier ordre depuis sa création.
Bien que ses origines soient assez mal connues, la légende dit que Séville fut fondée au cours du VIIIème siècle av. J.-C, par ceux que les Grecs appelaient Tartessiens .La cité  portait alors le nom d’Ispal.
Aujourd’hui, Séville est l’une des plus importantes villes d’Espagne et dispose d’infrastructures remarquables dont un réseau de transports très important avec notamment l’aéroport de Sevilla San Pablo ou la gare de Santa Justa, et un tissu de transports urbains très développé, ce qui confère à Séville le rôle de porte de l’Andalousie. En effet, on compte pas moins de 4 500 000 voyageurs qui ont transité en 2012 par l’aéroport San Pablo qui figure parmi les aéroports de premier plan en Espagne surtout pour les échanges nationaux. La gare de Santa Justa quant à elle, dispose de sa propre ligne AVE (TGV espagnol) qui relie directement Madrid à Séville depuis 1992 (première ligne à grande vitesse d’Espagne). De plus, Séville dispose d’un port sur le seul fleuve navigable d’Espagne, le Guadalquivir. Ce port sert ainsi aux échanges commerciaux aussi bien sur la côte ouest espagnole que dans le centre du pays. En 2012, 942 navires ont transité sur le fleuve, transportant prés de 4 millions de tonnes de marchandises.

Par ailleurs en tant  que capitale de l’Autonomie, Séville est la ville où se trouve le siège du pouvoir exécutif et législatif de l’Autonomie, respectivement le palais de San Telmo pour le président du gouvernement autonome andalou et l’Hôpital de Las Cinco Llagas pour le parlement autonome. Le président du parlement actuel est Fuensanta Coves, il est en place depuis les dernières élections régionales de 2008 où les socialistes (PSOE) ont obtenu 56 sièges sur 109, le Parti populaire (PP) 47 et le mouvement de la gauche unie (IU)  6. Alors que depuis la Constitution de 1978 et sa mise en vigueur en 1981 l’Andalousie détenait les pouvoirs spécifiques d’une communauté autonome respectueuse du cadre d’unité nationale, depuis le référendum de 2007, l’Andalousie jouit d’un nouveau statut en tant qu’autonomie  lui conférant plus de pouvoir et de compétences à l’égard du pouvoir national notamment par le renforcement des prérogatives régionales et par le fait que la moitié des impôts sur le revenus de sa région lui sont reversés. L’Andalousie a donc suivi l’exemple de la Catalogne qui avait négocié une réforme de son statut en 2005.
C’est donc à Séville que sont prises toutes les décisions relatives à la gestion de la Communauté andalouse. L’Andalousie est sous gouvernance socialiste depuis l’élection de son premier président du gouvernement en 1990, Manuel Chaves González, qui sera réélu plusieurs fois jusqu’en 2008. En 2009, il cède sa place à José Antonio Griñán Martínez car il entre au gouvernement espagnol, dirigé par José Luis Rodríguez Zapatero (PSOE). Depuis 2013, les Andalous ont une femme à la tête de la « Junta de Andalucía » (gouvernement de l’Autonomie andalouse) : il s’agit de Susana Díaz Pacheco, née en 1974 à Séville, dans le quartier de Triana, entrée en politique dès 17 ans en devenant militante des Jeunesses socialistes et bien ancrée dans le monde politique andalou où elle a gravi les échelons les uns après les autres. En tant que femme, elle est naturellement investie dans les questions d’égalité et de parité. Elle doit aujourd’hui manœuvrer à la tête d’un gouvernement de coalition composé de socialistes du PSA (Partido Socialista de Andalucía), d’anciens communistes, de verts et de nationalistes réunis sur la plateforme IU LV- CA créée en 1984 comme gauche alternative. Disposant de nombreux appuis et l’ex président Griñán Martínez ayant décidé de ne pas se représenter, elle fut élue automatiquement, faute d’adversaire, et devint ainsi la première femme à présider cette autonomie



II)             Séville, capitale économique et culturelle

Favorisée par son implantation au cœur de la plaine du Guadalquivir et par le fait qu’elle dispose de l’un des seuls ports fluviaux de la péninsule ibérique, Séville dispose d’un secteur agricole et commercial extrêmement développé. De plus, ville très convoitée, de nombreuses firmes viennent s’implanter à Séville et ce dans des secteurs divers et variés (Repsol qui est une multinationale espagnole spécialisée dans l’exploitation pétrolière et la pétrochimie, EADS, Coca-cola, Heineken, Renault …). Elle concentre environ 30% des grandes entreprises andalouses, et a une population active très importante env. 450 000 personnes. Cependant la crise frappe fortement la région et le taux de chômage, l’un des plus importants du pays, avoisine les 31% !
Par ailleurs, Séville est la première ville d’Espagne en termes de surface commerciale  par habitants avec le recensement de pas moins de 25 000 commerces de toutes tailles.
En outre la ville fait office de pôle de compétitivité avec son conglomérat d’entreprises innovantes et les différents laboratoires au sein des trois universités de la ville, qui collaborent étroitement : notamment dans le secteur des télécommunications, des énergies renouvelables ou encore  des biotechnologies. Séville figure donc parmi les principales villes espagnoles en R&D.
En plus de son dynamisme économique, la ville offre une large palette d’avantages culturels qui en font l’une des principales destinations touristiques d’Andalousie. C’est la 3éme ville touristique d’Espagne avec environ 2 millions de touristes par an qui viennent découvrir…
-          Premièrement son centre ville historique qui conserve quelques aspects du temps médiéval notamment dans le quartier de Santa Cruz.
-           Les arènes de Séville qui sont parmi les plus anciennes d’Espagne. Séville est l’un des hauts lieux de la tauromachie avec plus de 35 spectacles par an (deuxième ville de tauromachie après Madrid).
-          La Torre de Oro (la tour d’or) construite en 1221 et rattachée à l’ancienne muraille de la ville, dont les vestiges subsistent avec la muraille Macarena C’est l’un des symboles de la ville avec la Giralda.
-          De plus certaines coutumes locales viennent agrémenter le folklore de cette ville avec notamment la Semana Santa, qui a lieu la semaine précédant le dimanche de Pâques et où des centaines de milliers de personnes viennent admirer les différentes processions qui traversent la ville, ou encore la Feria de Abril.



Séville fait donc office de véritable capitale de la communauté autonome andalouse tant dans le domaine économique, culturelle ou encore politique. De plus ses ressources naturelles, ses infrastructures et son histoire font d’elle une ville incontournable en Espagne.


Exposé Tatiana et Fiona (EC2): Mercredi 12 février à Séville

La crise en Andalousie



L’Andalousie est la région la plus peuplée d’Espagne, avec une population de 8 449 985 habitants. Cette région occupe toute la partie sud de l’Espagne, ainsi que deux enclaves en terre marocaine, "las ciudades autónomas" de Ceuta et de Melilla. (Principales villes Séville, Málaga, Cordoue, Grenade, Jaén, Almería, Cadix et Huelva)
L’Andalousie a été touchée de plein fouet par la crise économique qui a frappé la plupart des pays  en 2007-2008.
Ainsi, de quelle manière l’Andalousie est-elle touchée par la crise et quelles en sont les conséquences?


I. Une région poutant tournée vers l'avenir

·        L'Espagne, en grande partie grâce à sa moitié sud, est un grand pays exportateur de produits agricoles et agroalimentaires (oranges, huile d'olive, vins, fruits et légumes). L'essentiel de la production provient des zones irriguées, huertas anciennement héritées de la conquête arabe.
·L'industrie est parvenue malgré tout à s'implanter dans la région, les hautes technologies se développant de plus en plus. La construction aéronautique est ainsi présente à Séville et à Cadix et  la production d'énergie éolienne est très développée autour de Tarifa. De plus les villes de Málaga et de Séville sont en passe de devenir deux puissants technopôles. Séville, en plein boom, bénéficie d'infrastructures dignes de son statut de métropole européenne.
·
·        L’Andalousie est l’une des régions agricoles les plus productives d’Espagne notamment grâce à sa production en serre. Sa principale production se tient sur la Costa del Sol (vignoble, oranges de malaga, fruits d’Almeria…) : il s’agit bien sûr de la culture maraichère et fruitière. Aujourd‘hui l’Andalousie constitue le grenier à céréales de l’Espagne.



II. L’Andalousie fortement affectée par la crise économique.


Un taux de chômage très élevé:
la très grave crise économique qui frappe l'ensemble du pays a été très cruelle dans la région. C'est en Andalousie que le nombre de chômeurs a le plus augmenté depuis début 2008 : avec plus d'un Andalou sur trois sans emploi, la consommation ralentit et beaucoup d'entreprises sont en faillite.
À l’exception de Ceuta, l'Andalousie a le taux de chômage le plus élevé d'Espagne du chômage (34% contre 27,16 % en Espagne mi-2013). Et même dans l'euphorie du boom économique de l'Espagne, le chômage n'est jamais descendu en dessous des 12 % en Andalousie. Ces indicateurs témoignent de la sous-industrialisation et de la trop grande place donnée à l'immobilier touristique (surtout depuis les années 1980) et à l'agriculture. La Révolution industrielle n’a eu que des effets minimes sur l’économie andalouse.
Les immeubles dont personne ne croit plus qu'ils seront un jour terminés font désormais partie du paysage. Sachant que les taxes liées à l'immobilier représentaient près de 15 % du budget des municipalités et des régions, les communes qui, par le passé, ont largement eu recours à l'emprunt n'échappent pas à ce mouvement descendant.

Une région très endettée:
L’Andalousie s’avère être très endettée. La dette de l’Andalousie s’est élevée jusqu’à 15 milliards de dollars et elle est par conséquent obligée d’emprunter au gouvernement central - aux fonds d’aide financière aux régions (FLA)-  pour honorer ses échéances... une aide - de 4.9 milliards d’euros - qui n’interviendra évidemment pas sans conditions.

De plus en plus, de fortes disparités sociales se font sentir :
Aujourd’hui encore, à peu près 2 500 familles, ce qui représente moins de 2 % de la population rurale, possèdent 60 % des terres cultivables et touchent de grosses subventions au titre de la PAC. À l’autre extrémité de l’échelle sociale se trouvent les ouvriers agricoles.
En réaction à cette répartition « féodale » des terres et à la hausse inexorable du chômage dans les zones rurales, les ouvriers agricoles de Marinaleda, dans la province de Séville, ont fondé un modèle d’autogestion qui perdure depuis plus de 35 ans, ce qui déplait à certains gros propriétaires terriens et aux gouvernements successifs.

Politique de rigueur :
Le chef du gouvernement Mariano Rajoy s’est engagé depuis 2012 à une réduction du déficit public, c’est-à-dire à une baisse des dépenses publiques, donc des aides aux différentes communes de l’Andalousie, avec une baisse des salaires de fonctionnaires, une baisse du budget de la santé… ce qui n’a eu pour conséquence que de plonger la région dans une situation de stagnation économique.
En manque de liquidité, l’Andalousie a dû demander un prêt d’1 milliard d’euros à Madrid.


III. Qui engendre de nombreuses révoltes :


Ø  L’élu local Juan Manuel Sánchez, maire de Marinaleda et depuis 2008 député de Izquierda Unida (IU) au Parlement andalou, organise une marche ouvrière pour dénoncer les politiques du gouvernements (chômage structurel , peu d’emploi, agriculture peu intensive ).
Ø  Des vols : deux supermarchés à Ecija (Séville), un magasin de la chaîne espagnole Mercadona ont été pris d'assaut en même temps qu’un supermarché Carrefour à Arcos de la Frontera, dans la région de Cadiz.

=> Dans le but de dénoncer les inégalités de la région.

Ø  Marche de la colère milieu 2013, près de Cadix. Plus de 300 militants de gauche ont entamé une marche contre la politique de rigueur qui frappe la région. Selon eux la crise qui touche l’Andalousie en ce moment a été provoquée par le monde financier mais est supportée par la classe populaire, les travailleurs, les petits paysans…
Ø  Nombreuses grèves…


ð  L’Andalousie est donc une région avec de très grandes ressources mais gangrénée par un chômage très élevée et un enlisement dans la crise.



           Exposé Chloé L(EC1): Samedi 15 février à Grenade


Lorca et la mémoire historique

Je m’appelle Federico García Lorca, j’ai 38 ans. Je suis né en 1898. Ah ! Et mort en 1936 car comme vous pouvez le voir : je suis le fantôme de Lorca. Mais je suppose que le but de votre visite n’est pas de voir un fantôme (quoique très intéressant) mais plutôt d’écouter mon histoire et mon lien avec l’histoire de l’Espagne la plus récente.

Evitons donc les biographies magistrales, le plus important c’est le moment où je rentre en Espagne, de retour des USA en 1930 à la fin de la dictature de Miguel Primo de Rivera et la proclamation de la première République (la bonne blague ! =p). Je suis dramaturge et poète mais je n’ai pas  été reconnu tout de suite… passons donc à l’instant de ma vie le plus intéressant : ma mort en 1936 au tout début de  la Guerre Civile. Je me souviens avoir quitté Madrid pour Grenade pour rejoindre ma famille et pensant me mettre à l’abri mais ce sera aussi mon dernier lieu de vie… c’est que Grenade n’a pas été la ville d’Andalousie la plus « ouverte d’esprit » si vous me suivez… Bref, arrivons au point crucial : ma mort, je suis fusillé en 1936 par des phalangistes, par des extrémistes de droite qui ne m’ont pas pardonné mon engagement en faveur de la République… parmi mes assassins il y a aussi des individus jaloux de la position et de la fortune de mes parents… sans oublier un défaut majeur… je suis pédéraste, imaginez dans l’Espagne des années 30... Je me souviens avoir dit : « travailler et aider celui qui le mérite. Travailler même si l’on se dit parfois que c’est en vain. Travailler en manière de protestation ; parce que le premier mouvement serait de crier tous les jours en se réveillant dans un monde plein d’injustices et de misères de tout ordre : je proteste, je proteste, je proteste. »
Quoi qu’il en soit je suis donc  exécuté et jeté dans une fosse commune près de Viznar à quelques kilomètres de Grenade… je crois que c’était le 19 août 1936 mais je ne suis plus très sûr. On ne se réveille pas un matin en se disant que c’est le dernier jour de votre vie. Sauf pour le 21 décembre, vous avez eu peur hein ? Bref…
La trop longue dictature de Franco (1936-1975) a laissé place à la transition démocratique qui a mis en place la loi d’amnistie en 1977. Cette loi protège tous les auteurs de crimes contre l’humanité qui se sont déroulés lors de la guerre civile et la dictature franquiste. C’est comme arracher une partie de l’histoire de l’Espagne, il ne s’est rien passé…c’est un choix qui a été similaire chez vous aussi avec Charles de Gaulle et la mise entre parenthèses de la question de la collaboration, vous savez le mythe résistancialiste : « On était « tous résistants » (ou pas !) et bien en Espagne c’était un bon dans l’histoire « on passe sur ».  Même si certaines personnes passent outre cette loi de l’oubli et veulent défendre la Vérité comme le juge Garzon, cet homme condamné officieusement  pour non-respect des droits de l’homme envers des suspects (qui sont de vraies fripouilles mais bon quand on est juge, procéder à des écoutes illégales peut poser problème) mais officieusement parce qu’il était le chantre des condamnations de criminels de guerre en Amérique Latine par exemple et qu’il avait voulu instruire le dossier des responsables du coup d’Etat de 1936, de la guerre et de la dictature : j’aurais pu être cité à comparaître si le Tribunal Suprême l’avait laissé aller jusqu’au bout. Malheureusement depuis 2012, Garzón ne peut plus exercer en Espagne, autant dire que c’est la mort d’une figure majeure de la lutte contre l’oubli et l’impunité.
La question des fosses communes est aussi un sujet brûlant, car il est nécessaire d’identifier les victimes des fusillades (« ici on fusille comme on déboise » disait votre compatriote Antoine de Saint-Exupéry) par question de respect, mais cela irait à l’encontre de la loi de Amnistie, on ouvrirait les fosses en même temps que les vieilles blessures ce qui n’est pas une bonne chose selon certains notamment au Parti Populaire, le Parti au pouvoir actuellement en Espagne, cela raviverait les tensions encore  vives, ce que l’on a coutume d’appeler « Les Deux Espagnes ». De ce point de vue-là, mon histoire et ma mort se sont érigées en mythe et ce, dès 1936.
En effet je suis mort pour mes idées et donc pour mes écrits, ce qui fait de moi le martyr parfait, l’artiste mort pour ces convictions. Malgré tout, je n’ai jamais fait partie de ce que l’on appelle les « poètes engagés », ma poésie, mon théâtre, je les voulais universels et humanistes, jamais marqués par l’idéologie : aucune faucille et aucun marteau dans mes œuvres ! Mais j’ai une question : pourquoi moi ? Pourquoi seulement moi et pas d’autres personnes ? D’où la question de l’origine et de la création des mythes (mythe de l’intelligence assassinée, Mythe de Madrid entré en résistance face aux totalitarismes) mais aussi du rôle que m’on m’a fait jouer lorsque l’Espagne commence à sortir d’une étape historique marquée par l’amnésie collective et que les Espagnols débattent du devoir de mémoire, un devoir affirmé avec la Loi de la Mémoire Historique (LMH) présentée en 2006 et votée en 2007, soit 70 ans après mon assassinat.
Donc, la Loi de la Mémoire Historique est en quelque sorte l’opposé de la loi d’Amnistie, elle prétend faire disparaitre tous les symboles du franquisme et juge le franquisme comme « illégitime et illégal ». Mais le vœu qui transparait dans cette loi est plus celui d’apaiser les tensions que de faire un texte le plus révolutionnaire possible (j’ai cru comprendre que les républicains catalans ne l’avaient pas votée car ils la considéraient comme trop timorée puisque la responsabilité de l’Etat n’était jamais évoquée) ah ! C’était pareil en France.

Mon histoire est un vrai feuilleton télé. Si l’on revient à mon cas, personne ne sais plus où je suis enterré précisément à Viznar. Coup de théâtre ! Il y aurait des nouvelles fraîches  je pourrais donc être identifié et inhumé « como Dios manda » mais… en fait  non, ma famille veut préserver mon image de martyr intellectuel mort pour ses idées et qui ne trouve pas de réel repos la preuve je suis là ! Mais elle dit que c’est aussi pour me protéger de la potentielle exposition médiatique et commerciale. On me vendrait en petits bouts ! Non je plaisante. Mon cas est très polémique ici et le retour de ces questions sur la scène médiatique alimente le mythe et  permet aussi de ne pas oublier. Je suis déchiré entre réaliser le dernier vœu des membres de ma famille et celui d’être le nouveau « patrimoine de l’humanité » comme le dit Ian Gibson. Complexe comme situation vous ne trouvez pas ?
Avant de repartir, je voudrais juste terminer sur la notion du temps, c’est le temps qui fait et défait les mythes et c’est aussi lui qui fait évoluer les mentalités de manière positive ou non. Dans le cas de la mémoire historique vous pourrez peut-être dire que les politiques se moquent du monde car votre génération est habituée et veut la vérité mais ici ne n’est encore que très récent, et l’on sait que le changement fait peur. Il faut donc du temps. Mais il ne faut pas rester passif ! Et comme je l’ai dit « Lo más importante es vivir ».


Exposé de Bastien (EC2): le dimanche 16 février à Grenade


Les gitans aujourd'hui : une minorité intégrée ?


I) Le peuple « rom » :

Le peuple "rom" est un peuple hétérogène qui échappe à une unique définition. Roms, Tsiganes, Gitans... Qui sont-ils ? Quelles sont leurs origines ? Quelles sont les différences pour ne pas tout mélanger ? Définitions.
Qui sont vraiment les roms? En réalité, le terme rassemble sous le même nom divers groupes d'individus ayant pour origine commune le nord-ouest de l'Inde et ayant émigré en Europe et sur le continent américain depuis plusieurs siècles. Toutes ces communautés peuvent être regroupées sous le nom de "Tsiganes" (ou « Tziganes »).
Le nom "rom" a ainsi été choisi par l'Union Romani Internationale en 1971 pour désigner l'ensemble des populations concernées à des fins de simplification. L'Union européenne et le Conseil de l'Europe ont par la suite repris officiellement ce terme. Le terme "rom" est ainsi le terme générique employé par les Roms eux-mêmes et par plusieurs administrations en Europe. Les historiens rappellent toutefois que les populations ainsi désignées - 10 à 12 millions de personnes en Europe, 6 millions en Union Européenne - se distinguent en trois ensembles principaux :
- Les "Roms", originaires de Roumanie, Bulgarie, Grèce, Slovaquie, Serbie, Hongrie : selon l'association Rom Europe, ils représentent 85 % des Tsiganes européens. Leur arrivée en France s'est faite essentiellement en plusieurs vagues migratoires : d'abord au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, puis dans les années 1970 et enfin à partir des années 1990. S'ils viennent de la même région de l'est de l'Europe, ils n'ont pas la même nationalité, ni forcément les mêmes confessions religieuses, ni le même statut administratif. Il y aurait entre 15 000 et 20 000 Roms en France, dont 85 % de ressortissants européens, essentiellement bulgares et roumains.
- Les "Sintés" et les "Manouches", installés en Italie, en France, en Allemagne, ont quant à eux transité par les régions germanophones. Ils représentent 5 % des Tsiganes européens.
- Les "Gitans" ou "Kalés", vivant en Espagne, au Portugal et dans le Sud de la France. Ils représentent 10 % du peuple tsigane européen.


II) Les spécificités des gitans espagnols :

En commençant par une citation de Federico García Lorca : "Le gitan est ce qu'il y a de plus élevé, de plus aristocratique dans mon pays, celui qui garde la braise, le sang et l'alphabet de la vérité andalouse et universelle".
Loin d'être un simple groupe folklorique, les gitans sont les héritiers de cultures multiples qui créent la richesse de leur identité. Selon le professeur Gunther Dietz, auteur du rapport "L'Etat et les Roms en Espagne", les valeurs traditionnelles des Gitans telles que la famille et le clan, la notion de l'honneur, ou encore l'autorité accordée dans les familles aux "anciens", sont conformes aux concepts de la culture traditionnelle espagnole.
Le détail le plus significatif de la culture gitane en Espagne est sans nul doute le flamenco, mélange typique de musiques traditionnelles espagnoles et de musiques tziganes jouées principalement à la guitare et s'accompagnant généralement de danses. Ce syncrétisme culturel montre bien une acceptation des gitans par les Espagnols. Lorsque l'on prononce le mot gitan le flamenco nous vient souvent à l'esprit. D'origine arabe, juive, indienne…, la musique flamenca se transmet principalement à l'oreille, comme dans le jazz manouche, la musique est ici avant tout une affaire de transmission et d'écoute bien plus que de la pure théorie musicale. Parmi les musiciens connus du flamenco nous pouvons citer Paco de Lucia (guitariste), Camarón de la Isla (chanteur) et bien sûr Manitas de Plata (littéralement, « petites mains d'argent »). Pour ce qui est des danseurs nous pouvons citer Fuensanta la Moneta, Andres Marin, Joaquin Cortes, Eva Yerbabuena ou encore Carmen Amaya. Sans oublier Cristina Hoyos dont nous avons visité l’école de danse à Séville.
Le jeu à la guitare :
Les mouvements sont rapides et l'improvisation y est importante. La guitare flamenca a beaucoup de caractère et se montre très expressive. Le rythme caractéristique est percussif et suivi de battements donnés sur la table d'harmonie de la guitare. Cette technique s'appelle le « Golpe » et se réalise en tapant avec l'annulaire et le majeur, le pouce ou la paume sur la table d'harmonie de la guitare. D’autres rythmiques existent comme le rasgueado ou le picado. Ces différentes rythmiques sont regroupées sous le terme de « compas ». Les guitaristes de flamenco ont recours à tous les accords traditionnels (majeurs, mineurs, septième de dominante) ainsi qu'à des cadences spécifiques au flamenco. Bien que les guitaristes modernes fassent appel à d’autres combinaisons harmoniques (quartes, sixtes).


III) L’intégration des gitans en Espagne :

Présente depuis le XVème siècle en Espagne et sédentarisée de force, la communauté gitane compte environ 800.000 personnes dans le pays. Tout au long des siècles, les gitans n'ont pas été épargnés par les clichés, prenons pour exemple l'entrée de la ville de Barcelone qui, au XVIIIème siècle, comportait un panneau indiquant : '"entrée interdite aux gitans et autres gens de mauvaise vie". Il s'agit d'une minorité qui a été et qui est toujours stigmatisée en Espagne comme la population Rom, principalement venue de Roumanie et de Bulgarie, l'est actuellement en France.
L'arrivée de la démocratie et la Constitution de 1978 implique, du point de vue formel, l'égalité des gitans devant la loi et l'entière citoyenneté. L’Espagne est l’un des rares pays européens à avoir attribué le statut de minorité nationale à la population gitane. On considère que le moment crucial et la percée symbolique pour la question gitane se sont opérés lors du discours de Juan de Dios Ramírez Heredia devant le Parlement, où il a été le premier Gitan à siéger, de 1977 à 1986. En 1985, après son discours enflammé sur les droits des Gitans, le premier plan national d’égalité des chances en faveur de cette minorité a vu le jour. Depuis 1989, une partie précise du budget y est consacrée.

Cependant, l’intégration des Roms n’est pas terminée et il reste toujours à faire, même en Espagne, pour faire vivre l’entente. Certains problèmes demeurent : une pauvreté endémique, les frustrations d’une sédentarisation forcée ou l’éternelle manifestation de préjugés au sein de la population. 40 % des Espagnols déclaraient en 2006 « ne pas vouloir d’un gitan comme voisin » ce qui prouve bien que l'intégration n’est pas acquise. Il reste des quartiers-ghettos, seul un tiers des gitans va à l’école jusqu’à 16 ans, et seuls 0,2 % des gitans vont à l’université (contre 20 % en moyenne nationale). Des associations travaillent au quotidien sur ces questions comme par exemple l’organisation Union Romani, dont le siège se trouve à Séville. L’association, dont les dirigeants sont gitans, se décline dans toutes les grandes villes espagnoles et fonctionne comme un véritable lobby politique avec un budget de 1,7 million d’euros.
Au printemps 2010, le gouvernement a adopté un «plan d'action pour le développement de la population gitane 2010-2012». Doté d'un budget de 107 millions d'euros sur trois ans, il prévoit des actions en matière d'éducation, de santé, de logement, ainsi qu'en faveur des femmes. Pour mettre en œuvre sa politique, l’Espagne fait appel aux fonds dédiés aux Roms par l’Union européenne (45 millions d’euros). C’est le seul pays à avoir utilisé les moyens mis à la disposition de tous les Etats membres pour faciliter l’intégration de leurs minorités.



            L’Espagne ne prétend pas que l’intégration du peuple gitan soit parfaite sur son sol, mais elle a le mérite de mettre en œuvre les moyens qui sont les siens pour faire avancer le dialogue, la cohésion, et le bien-être des populations qui grandissent sur son sol.


Exposé d'Amir (EC2): le dimanche 16 février entre Grenade et Séville


Juifs et Musulmans dans l'Espagne démocratique.
Nous nous intéresserons au travers de cette réflexion à la place, à l'intégration et au bien-être de ces deux communautés. Nous nous concentrerons tout d'abord sur l'intégration des musulmans espagnols pour ensuite nous intéresser à celle de la communauté juive.

Selon un rapport publié par le gouvernement de Zapatero (dirigeant issu du PSOE, le parti majoritaire de gauche en Espagne) avant la défaite électorale de 2011, 70% des 2 000 musulmans d’origine immigrée interrogés plébiscitent une démocratie où la tolérance n’est pas dévoyée par des visées électoralistes, et dans laquelle ils affirment couler des jours heureux. Originaires pour une large part du Maroc, les musulmans d’Espagne, qui représentent 767 000 personnes sur 45 millions d’habitants, constituent une population jeune et très bien intégrée par une implication sociale active. Ainsi, 89% estiment qu’il est possible d’être à la fois « bon musulman » et « bon Espagnol », 84% assurent n’avoir rencontré aucune difficulté pour pratiquer leur religion, et 83% que l’Etat doit rester neutre en matière de religion. Par ailleurs, 94% des individus sondés pensent qu’il faut respecter les croyances religieuses des autres, 81% que les non croyants sont aussi respectables que les croyants, quand seulement 14% d’entre eux désapprouvent un mariage avec une personne d’une autre religion.
Ainsi, il semble ici évident qu'islam et démocratie sont compatibles au pays de Cervantès.
Mais où se concentre la communauté musulmane ? L’islam en Espagne est représenté, dans ses deux composantes, sur l’ensemble du territoire. Néanmoins, l’islam naturalisé se concentre dans les provinces andalouses où il est enraciné historiquement, Cordoue, Grenade et Séville, et dans les villes de Ceuta et Melilla, où s’installèrent entre 1960 et 1970 des musulmans marocains, qui, par le biais de la première Ley de Extranjería espagnole, promulguée en 1985, obtinrent la nationalité espagnole. L’islam immigré connait une plus forte présence dans des régions comme la Catalogne, Madrid et l’Andalousie, régions dans lesquelles s’établirent les premières communautés de musulmans immigrés dans les années quatre-vingt.
Les plus grandes densités de population musulmane se rencontrent, par ordre décroissant, dans les provinces de Barcelone, Madrid, Murcie, Almeria, Gérone, Tarragone, Alicante et Malaga. Cependant, même s'il est délicat de tirer un bilan empirique, nous constatons avec l'augmentation exponentielle de la crise économique, un regain non négligeable de l'islamophobie en Espagne où les immigrants, pour une grande partie d'origine musulmane sont les boucs-émissaires d'une société où le chômage concerne plus de 25% de la population active.



Lorsque l'on évoque l'Espagne et le judaïsme, en général un élément nous vient immédiatement à l'esprit: l'Inquisition (instituée par les Rois catholiques en 1478 à la suite de la Reconquista et abolie en 1834) la communauté a très clairement vu sa condition s'améliorer dans l'Espagne démocratique. 
Caroline Aisen, coordinatrice de l’Observatoire sur l’antisémitisme,  souligne que jusqu’à présent, l’antisémitisme ne comporte plus aucun acte de violence (sic)...La plupart du temps, « les attaques » consistent en des écrits ou des commentaires offensants sur les différents médias ou sur Internet sans qu’il y ait d’agressions physiques.
L'exemple le plus éloquent de réconciliation entre l'Etat espagnol et la communauté juive est la décision récente du gouvernement Rajoy de donner la nationalité espagnole à tous les juifs séfarades le 22 novembre 2012. L'initiative des députés du Partido Popular vise essentiellement à renouer avec une histoire de l'Espagne d'avant la « Reconquista ».  Les députés croient que l'heure est propice à réparer une injustice qui remonte à plus de cinq siècles et considère l’apport séfarade comme une réalité incontournable : après tout, 20% des Espagnols auraient des ancêtres juifs. Déjà en 1992, à l’occasion de l’anniversaire de la Découverte du Nouveau Monde, le Roi Juan Carlos s’était exprimé sur la tragédie de l’expulsion massive de 1492. A cette époque les rois catholiques (Ferdinand et Isabelle) avaient accordé aux juifs, par le biais du décret de l'Alhambra, un délai de quatre mois (à partir de mars) pour se convertir au christianisme ou quitter le territoire. La majorité avait alors préféré l'exil en grande partie au Maroc.
Voyons désormais dans quelles parties du territoire se concentre la communauté juive composée de 12 000 personnes environ. La communauté juive en Espagne se concentre majoritairement dans les grandes villes comme Madrid, Barcelone ou Séville, et dans les zones du littoral méditerranéen comme le Levant espagnol (Alicante et Valence) ou la Costa del Sol andalouse (Malaga, Marbella et Torremolinos). Il faut également mentionner les communautés de Ceuta et Melilla formées de familles séfarades originaires du Maroc et de l’Algérie.
La communauté juive espagnole a connu un accroissement numérique au long du XXe siècle, d’abord par l’arrivée de familles originaires d’Europe occidentale et fuyant leur pays lors de la Première et de la Seconde Guerre Mondiale. La fin du protectorat espagnol au Maroc en 1956 entraina pour sa part l’exil volontaire de nombreux juifs vers des villes comme Ceuta, Melilla et Malaga.
Terminons maintenant sur la reconnaissance des minorités par l'Etat et leur mode d'organisation.
La Constitution espagnole de 1978 établit une large reconnaissance du droit de liberté religieuse tant dans sa dimension individuelle que collective. L'article 16 le stipule très clairement. Dans le premier paragraphe : »la liberté idéologique, religieuse et de culte des individus et des communautés est assurée, sans plus de limitation de ses manifestations que nécessaire pour le maintien de l'ordre public garanti par la loi ». Ainsi, contrairement au statut de « dhimmis » d'autrefois, les minorités ethnico-religieuses peuvent exercer leur culte librement et ceci sans la nécessité de se cacher ou d'être considéré comme inférieur. L'exemple le plus probant de cette victoire est la possibilité du port du voile à l'école. En effet, l'Espagne et l'Islam partagent une histoire commune, il est donc évident que l'Etat espagnol laisse la possibilité à ses citoyens musulmans la possibilité de se vêtir selon leurs préceptes religieux. Malgré tout, l'affaire de l'interdiction du voile dans un lycée de la banlieue de Madrid a remis au goût du jour le port du « hijab » dans les écoles en divisant toute la classe politique, certains se portant garant de la laïcité quand d'autres soutiennent la tolérance. 
De plus, pour permettre l'expression des revendications et la défense des intérêts de ces communautés, il existe la « Federación de Comunidades Judías de España » et la « La Unión de Comunidades Islámicas de España ». Par exemple, les deux communautés n'ont pas hésité à faire connaître leur point de vue via leur association respective contre la loi sur l'avortement. Ces organisations profitent par ailleurs de subventions de l'Etat par le biais de l'IRPF (Impôt Revenu Personne Physique : Impuesto sobre la Renta de las Personas Físicas) pour la construction de lieu de culte par exemple. Cela montre au passage, la réelle considération dont témoigne l'Etat espagnol à l'égard de ses communautés religieuses. Ou serait-ce le signe que l’Etat espagnol peine à s’affirmer comme un Etat vraiment laïc ?

Ainsi, malgré les épisodes douloureux qui semblent appartenir à un
passé lointain
, nous pouvons très clairement affirmer que l'Espagne est désormais un modèle d'intégration pour ses partenaires.


Exposé de Chloé G. (1L): le dimanche 16 février entre Grenade et Séville                                                          

  Al-Andalus et Al Qaeda
Introduction :
Al-Andalus désigne à la fois une époque et un territoire : c’est en 711 que se met en place l’invasion arabe, et l’occupation durera près de 800 ans jusqu’en 1492. Après l’amorce de la Reconquista mise en place par Los Reyes Católicos  Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille, Grenade fut reprise par les chrétiens en 1492. Beaucoup de juifs et de musulmans durent partir ou se résoudre à une conversion forcée. Cette période reste encore dans les mémoires des musulmans, ce qui se traduit par de nombreux écrits où Al-Andalus est comparé à un paradis et à une période incomparable qui est désormais perdue.
Mahmoud Darchwin, poète (QUELLE NATIONALITE ?) du XXème siècle, écrit dans « J’ai un ciel derrière le ciel » : « L'étranger est passé
Portant sept siècles de chevaux. Il est passé là l'étranger
Pour que l'étranger passe là-bas. Je sortirai sous peu
Des rides de mon temps, étranger à Shâm et à l'Andalousie
Cette terre n'est pas mon ciel, mais ce soir est mien
Et les clefs m'appartiennent, et les minarets et les lanternes, et moi
Également, je m'appartiens. Je suis l'Adam des deux Éden
L'un et l'autre perdus
Alors chassez-moi lentement,
Et tuez-moi lentement
Sous mon olivier
Avec Lorca. »
 Le poète syrien Nazir Kabbani disait : «l'histoire arabe contemporaine est celle d'un 1492 interminable », depuis la perte d’un monde sur lequel ils ont régné, les musulmans pensent être victimes d’une malédiction depuis la Reconquista.  



 I-Rancœur des islamistes radicaux : la volonté de refaire d’Al-Andalus leur terre
a)
Aujourd’hui, dans les secteurs les plus radicaux, il n’y a plus seulement de la nostalgie envers cette époque synonyme de richesse pour les musulmans, mais une réelle intention de reconquérir la terre sur laquelle ils ont régné pendant 800 ans. Cette intention peut se traduire par des actions violentes ou terroristes, orchestrées par Al-Qaeda ou d’autres ayant la même volonté. Al-Qaeda est présent dans le Nord de l’Afrique avec AQMI (Al-Qaeda au Maghreb islamique). Le bras droit d’Oussama Ben Laden, Ayman El Zawahiri, déclare en février 2007 : « Je souhaite aux militants d'Al-Qaïda dans le nord de l'Afrique qu'Allah vous concède la faveur de fouler bientôt de vos pieds purs le sol usurpé d'Al-Andalus » Sur la chaîne Al Jazeera il rajoute : « Nous essayons de libérer tout ce qui un jour fut une terre de l’Islam, depuis Al Andalus jusqu’à l’Irak. » Il incite les fidèles du Nord de l’Afrique et ceux déjà établis en Espagne à soutenir le djihad pour « reconquérir l’Andalousie musulmane ».
Au Maroc une cellule terroriste nommée « Fath Andalus » qui signifie « Reconquête d’Al Andalus » aurait été démantelée en septembre 2008. Cette cellule aurait voulu causer des attentats contre les intérêts espagnols sur le territoire marocain. Par exemple contre les villes de Ceuta et Melilla, deux villes espagnoles autonomes depuis le 14 mars 1995, situées au Maroc. Ces deux enclaves font débat, la présence des Espagnols au Maghreb irrite Al Qaeda, d’autant plus que la population y est à 40% musulmane.


Un attentat majeur s’est déroulé en Espagne, qui pouvait avoir un fond de ressentiment lié à l’ancienne souveraineté des musulmans, mais aussi à la présence militaire espagnole en Irak. Je veux parler de l’attentat du 11 mars 2004, où des bombes ont explosé dans des trains de banlieue reliant Alcalá à la gare d’Atocha, faisant 192 morts.
b)
Nous pourrions aussi formuler une autre hypothèse quant à une supposée « reconquête », en évoquant l’état de l’immobilier en Espagne. Les prix chutent, et certains Algériens se réjouissent de voir leur « ancienne terre » de nouveau accessible, car les prix à Oran par exemple frisent 80 000 euros pour 40 000 euros à Alicante, et ce, pour le même espace. L’immigration en provenance d’Oran vers la côte espagnole est l’une des plus denses, l’Espagne est en mal de clients et L’Algérie de logements. Cela pourrait-il être, d’une façon détournée et pacifiste, une forme de « reconquista » musulmane ? Nous nuancerons nos propos en rappelant que les Asiatiques choisissent massivement l’Andalousie pour les mêmes raisons économiques et que de nombreux Français s’installent au Maroc pour y passer leur retraite en échappant ainsi à la baisse de leur pouvoir d’achat.


II- Les deux sociétés : un contraste
a)
Aux rancœurs liées à la perte d’Al-Andalus s’ajoute une différence de taille entre la société marocaine et espagnole : Seuls 15 kilomètres depuis la côte espagnole les séparent et pourtant c’est un tout autre paysage et un tout autre mode de vie. Par ailleurs, il se trouve que l’Espagne se place à la 23ème place dans le classement de l’Indice de Développement Humain alors que le Maroc se trouve à la 130ème place. Alors quel est le sentiment général ? Un territoire à l’économie souvent florissante sous domination musulmane pendant près de 8 siècles et maintenant…
Beaucoup de Maghrébins vont aussi étudier en Espagne, et qualifient l’état de leur pays natal de « moyenâgeux » par rapport à leurs conditions de vie actuelles dans le pays d’accueil.
b)
C’est pour cela que l’Espagne doit aussi gérer une immigration massive venant du Maghreb, quoique de nombreux travailleurs maghrébins fassent le choix de repartir au pays à cause de la crise. D’où les lois censées renforcer les frontières en terme d’immigration : en octobre 2003 une loi (Ley de Extranjería) a été mise en place pour sanctionner les tentatives d’entrées illégales avec des interdictions allant jusqu’à 10 ans.
 De nombreux bateaux transportant des immigrés illégaux font la traversée de la Méditerranée à leurs risques et périls. En effet, les embarcations de fortune nommées les « pateras » subissent de nombreux naufrages et provoquent donc la mort de centaines de personnes. Le directeur adjoint Gil Arias (de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures-Frontex) a affirmé sur Efe (agence de presse espagnole). que plus de 2600 clandestins sont entrées en Espagne au début 2011.

.

Conclusion : Al Andalus est un Age d’or pour les musulmans, un passé glorieux qu’ils contemplent avec d’autant plus de nostalgie que leurs sociétés actuelles ne leur apportent pas forcément de satisfactions : pouvoirs souvent corrompus, difficultés à concilier traditions et modernité, tensions entre Orient et Occident… Les extrémistes profitent parfois de ce mécontentement pour avancer  cette théorie de la refondation nécessaire du grand Califat de Cordoue. Encore faudrait-il que l’Histoire puisse se répéter….
























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