Exposé Adama (EC2): le mercredi 12 février à Séville
Séville,
capitale d’une autonomie
Séville, grande ville du Sud, est
la capitale de la province de Séville et de l’une des plus grandes communautés
autonomes (CC AA) d’Espagne, l’Andalousie.
Peuplée de plus de 700 000
habitants et située au cœur d’une riche région agricole, elle est traversée par
le Guadalquivir et reliée à un important réseau de communications. Tous ces
éléments confèrent à la ville le rôle de centre économique, politique et
culturel d’Andalousie mais en fait aussi l’une des plus importantes villes
d’Espagne.
De plus, Séville est une ville marquée
par un passé prestigieux, dont elle a hérité un patrimoine culturel et
artistique très dense, ce qui en fait une ville d’une grande renommée et très
prisée touristiquement.
I)
L’histoire de Séville et de la communauté andalouse
Séville occupe une place
particulière dans l’histoire de l’Espagne, en effet elle ne cesse de jouer un
rôle politique, culturel, économique et religieux de premier ordre depuis sa
création.
Bien que ses origines soient
assez mal connues, la légende dit que Séville fut fondée au cours du VIIIème
siècle av. J.-C, par ceux que les Grecs appelaient Tartessiens .La cité portait alors le nom d’Ispal.
Aujourd’hui, Séville est l’une
des plus importantes villes d’Espagne et dispose d’infrastructures remarquables
dont un réseau de transports très important avec notamment l’aéroport de
Sevilla San Pablo ou la gare de Santa Justa, et un tissu de transports urbains
très développé, ce qui confère à Séville le rôle de porte de l’Andalousie. En
effet, on compte pas moins de 4 500 000 voyageurs qui ont transité en 2012
par l’aéroport San Pablo qui figure parmi les aéroports de premier plan en Espagne
surtout pour les échanges nationaux. La gare de Santa Justa quant à elle,
dispose de sa propre ligne AVE (TGV espagnol) qui relie directement Madrid à
Séville depuis 1992 (première ligne à grande vitesse d’Espagne). De plus,
Séville dispose d’un port sur le seul fleuve navigable d’Espagne, le
Guadalquivir. Ce port sert ainsi aux échanges commerciaux aussi bien sur la
côte ouest espagnole que dans le centre du pays. En 2012, 942 navires ont
transité sur le fleuve, transportant prés de 4 millions de tonnes de
marchandises.
Par ailleurs en tant que capitale de l’Autonomie, Séville est la
ville où se trouve le siège du pouvoir exécutif et législatif de l’Autonomie,
respectivement le palais de San Telmo pour le président du gouvernement
autonome andalou et l’Hôpital de Las Cinco Llagas pour le parlement autonome.
Le président du parlement actuel est Fuensanta Coves, il est en place depuis
les dernières élections régionales de 2008 où les socialistes (PSOE) ont obtenu
56 sièges sur 109, le Parti populaire (PP) 47 et le mouvement de la gauche
unie (IU) 6. Alors que depuis la Constitution de 1978 et sa mise en vigueur en
1981 l’Andalousie détenait les pouvoirs spécifiques d’une communauté autonome
respectueuse du cadre d’unité nationale, depuis le référendum de 2007,
l’Andalousie jouit d’un nouveau statut en tant qu’autonomie lui conférant plus de pouvoir et de
compétences à l’égard du pouvoir national notamment par le renforcement des
prérogatives régionales et par le fait que la moitié des impôts sur le revenus
de sa région lui sont reversés. L’Andalousie a donc suivi l’exemple de la Catalogne qui avait négocié
une réforme de son statut en 2005.
C’est donc à Séville que sont
prises toutes les décisions relatives à la gestion de la Communauté andalouse.
L’Andalousie est sous gouvernance socialiste depuis l’élection de son premier
président du gouvernement en 1990, Manuel Chaves González, qui sera réélu
plusieurs fois jusqu’en 2008. En 2009, il cède sa place à José Antonio Griñán
Martínez car il entre au gouvernement espagnol, dirigé par José Luis Rodríguez
Zapatero (PSOE). Depuis 2013, les Andalous ont une femme
à la tête de la « Junta de Andalucía » (gouvernement de l’Autonomie
andalouse) : il s’agit de Susana Díaz Pacheco, née en 1974 à Séville, dans
le quartier de Triana, entrée en politique dès 17 ans en devenant militante des
Jeunesses socialistes et bien ancrée dans le monde politique andalou où elle a
gravi les échelons les uns après les autres. En tant que femme, elle est
naturellement investie dans les questions d’égalité et de parité. Elle doit
aujourd’hui manœuvrer à la tête d’un gouvernement de coalition composé de
socialistes du PSA (Partido Socialista de Andalucía), d’anciens communistes, de
verts et de nationalistes réunis sur la plateforme IU LV- CA créée en 1984
comme gauche alternative. Disposant de nombreux appuis et l’ex président
Griñán Martínez ayant décidé de ne pas se représenter, elle fut élue
automatiquement, faute d’adversaire, et devint ainsi la première femme à
présider cette autonomie
II)
Séville, capitale économique et culturelle
Favorisée par son implantation au
cœur de la plaine du Guadalquivir et par le fait qu’elle dispose de l’un des
seuls ports fluviaux de la péninsule ibérique, Séville dispose d’un secteur
agricole et commercial extrêmement développé. De
plus, ville très convoitée, de nombreuses firmes viennent s’implanter à Séville
et ce dans des secteurs divers et variés (Repsol qui est une multinationale
espagnole spécialisée dans l’exploitation pétrolière et la pétrochimie, EADS,
Coca-cola, Heineken, Renault …). Elle concentre environ 30% des grandes
entreprises andalouses, et a une population active très importante env.
450 000 personnes. Cependant la crise frappe fortement la région et le taux de
chômage, l’un des plus importants du pays, avoisine les 31% !
Par ailleurs, Séville est la première
ville d’Espagne en termes
de surface commerciale par habitants
avec le recensement de pas moins de 25 000 commerces de toutes tailles.
En outre la ville fait office de
pôle de compétitivité avec son conglomérat d’entreprises innovantes et les
différents laboratoires au sein des trois universités de la ville, qui
collaborent étroitement : notamment dans le secteur des
télécommunications, des énergies renouvelables ou encore des biotechnologies. Séville figure donc
parmi les principales villes espagnoles en R&D.
En plus de son dynamisme
économique, la ville offre une large palette d’avantages culturels qui en font
l’une des principales destinations touristiques d’Andalousie. C’est la 3éme
ville touristique d’Espagne avec environ 2 millions de touristes par an qui
viennent découvrir…
-
Premièrement son centre ville historique qui conserve
quelques aspects du temps médiéval notamment dans le quartier de Santa Cruz.
-
Les arènes de
Séville qui sont parmi les plus anciennes d’Espagne. Séville est l’un des hauts
lieux de la tauromachie avec plus de 35 spectacles par an (deuxième ville de
tauromachie après Madrid).
-
La
Torre de Oro (la tour d’or) construite en 1221 et
rattachée à l’ancienne muraille de la ville, dont les vestiges subsistent avec la
muraille Macarena C’est l’un des symboles de la ville avec la Giralda.
-
De plus certaines coutumes locales viennent agrémenter
le folklore de cette ville avec notamment la Semana Santa ,
qui a lieu la semaine précédant le dimanche de Pâques et où des centaines
de milliers de personnes viennent admirer les différentes processions qui
traversent la ville, ou encore la
Feria de Abril.
Séville fait donc office de
véritable capitale de la communauté autonome andalouse tant dans le domaine
économique, culturelle ou encore politique. De plus ses ressources naturelles,
ses infrastructures et son histoire font d’elle une ville incontournable en
Espagne.
Exposé Tatiana et Fiona (EC2): Mercredi 12 février à Séville
Exposé Chloé L(EC1): Samedi 15 février à Grenade
Exposé de Bastien (EC2): le dimanche 16 février à Grenade
Exposé d'Amir (EC2): le dimanche 16 février entre Grenade et Séville
Exposé de Chloé G. (1L): le dimanche 16 février entre Grenade et Séville
Al-Andalus et Al Qaeda
Exposé Tatiana et Fiona (EC2): Mercredi 12 février à Séville
La crise en
Andalousie
L’Andalousie
est la région la plus peuplée d’Espagne, avec une population de 8 449 985
habitants. Cette région occupe toute la partie sud de l’Espagne, ainsi que deux
enclaves en terre marocaine, "las ciudades autónomas" de Ceuta et de Melilla. (Principales
villes Séville, Málaga, Cordoue, Grenade, Jaén, Almería, Cadix et Huelva)
L’Andalousie
a été touchée de plein fouet par la crise économique qui a frappé la plupart
des pays en 2007-2008.
Ainsi,
de quelle manière l’Andalousie est-elle touchée par la crise et quelles en sont
les conséquences?
I. Une région poutant tournée vers l'avenir
·
L'Espagne, en grande partie grâce
à sa moitié sud, est un grand pays exportateur de produits agricoles et
agroalimentaires (oranges, huile d'olive, vins, fruits et légumes).
L'essentiel de la production provient des zones irriguées, huertas
anciennement héritées de la conquête arabe.
·L'industrie est
parvenue malgré tout à s'implanter dans la région, les hautes
technologies se développant de plus en plus. La construction aéronautique
est ainsi présente à Séville et à Cadix et la production d'énergie éolienne est très
développée autour de Tarifa. De plus les villes de Málaga et de Séville sont en
passe de devenir deux puissants technopôles. Séville, en plein boom, bénéficie
d'infrastructures dignes de son statut de métropole européenne.
·
·
L’Andalousie est l’une des régions
agricoles les plus productives d’Espagne notamment grâce à sa production en
serre. Sa principale production se tient sur la Costa del Sol (vignoble, oranges
de malaga, fruits d’Almeria…) : il s’agit bien sûr de la culture
maraichère et fruitière. Aujourd‘hui l’Andalousie constitue le grenier à
céréales de l’Espagne.
II. L’Andalousie fortement affectée par la crise économique.
Un
taux de chômage très élevé:
la
très grave crise économique qui frappe l'ensemble du pays a été très
cruelle dans la région. C'est en Andalousie que le nombre de chômeurs a le plus
augmenté depuis début 2008 : avec plus d'un Andalou sur trois sans emploi, la
consommation ralentit et beaucoup d'entreprises sont en faillite.
À
l’exception de Ceuta, l'Andalousie a le taux de chômage le plus élevé d'Espagne
du chômage (34% contre 27,16 % en Espagne mi-2013). Et même dans
l'euphorie du boom économique de l'Espagne, le chômage n'est jamais descendu en
dessous des 12 % en Andalousie. Ces indicateurs témoignent de
la sous-industrialisation et de la trop grande place donnée à
l'immobilier touristique (surtout depuis les années 1980) et à l'agriculture. La
Révolution industrielle n’a eu que des effets minimes sur l’économie andalouse.
Les
immeubles dont personne ne croit plus qu'ils seront un jour terminés font
désormais partie du paysage. Sachant que les taxes liées à l'immobilier
représentaient près de 15 % du budget des municipalités et des régions, les
communes qui, par le passé, ont largement eu recours à l'emprunt n'échappent
pas à ce mouvement descendant.
Une
région très endettée:
L’Andalousie
s’avère être très endettée. La dette de l’Andalousie s’est élevée jusqu’à 15
milliards de dollars et elle est par conséquent obligée d’emprunter au
gouvernement central - aux fonds d’aide financière aux régions (FLA)- pour honorer ses échéances... une aide - de
4.9 milliards d’euros - qui n’interviendra évidemment pas sans conditions.
De
plus en plus, de fortes disparités sociales se font sentir :
Aujourd’hui
encore, à peu près 2 500 familles, ce qui représente moins de 2 % de la
population rurale, possèdent 60 % des terres cultivables et touchent de grosses
subventions au titre de la PAC. À l’autre extrémité de l’échelle sociale se
trouvent les ouvriers agricoles.
En
réaction à cette répartition « féodale » des terres et à
la hausse inexorable du chômage dans les zones rurales, les ouvriers
agricoles de Marinaleda, dans la province de Séville, ont fondé un modèle
d’autogestion qui perdure depuis plus de 35 ans, ce qui déplait à certains
gros propriétaires terriens et aux gouvernements successifs.
Politique
de rigueur :
Le
chef du gouvernement Mariano Rajoy s’est engagé depuis 2012 à une réduction du
déficit public, c’est-à-dire à une baisse des dépenses publiques, donc des aides
aux différentes communes de l’Andalousie, avec une baisse des salaires de
fonctionnaires, une baisse du budget de la santé… ce qui n’a eu pour
conséquence que de plonger la région dans une situation de stagnation
économique.
En
manque de liquidité, l’Andalousie a dû demander un prêt d’1 milliard d’euros à
Madrid.
III. Qui engendre de nombreuses révoltes :
Ø L’élu
local Juan Manuel Sánchez, maire de Marinaleda et depuis 2008 député de Izquierda Unida (IU) au Parlement andalou, organise une marche
ouvrière pour dénoncer les politiques du gouvernements (chômage structurel ,
peu d’emploi, agriculture peu intensive ).
Ø Des
vols : deux supermarchés à Ecija (Séville), un magasin de la chaîne espagnole
Mercadona ont été pris d'assaut en même temps qu’un supermarché Carrefour à
Arcos de la Frontera, dans la région de Cadiz.
=>
Dans le but de dénoncer les inégalités de la région.
Ø
Marche de la colère milieu
2013, près de Cadix. Plus de 300 militants de gauche ont entamé une marche
contre la politique de rigueur qui frappe la région. Selon eux la crise qui
touche l’Andalousie en ce moment a été provoquée par le monde financier mais
est supportée par la classe populaire, les travailleurs, les petits paysans…
Ø
Nombreuses grèves…
ð
L’Andalousie est donc une région
avec de très grandes ressources mais gangrénée par un chômage très élevée et un
enlisement dans la crise.
Exposé Chloé L(EC1): Samedi 15 février à Grenade
Lorca et la mémoire
historique
Je
m’appelle Federico García Lorca, j’ai 38 ans. Je suis né en 1898. Ah ! Et
mort en 1936 car comme vous pouvez le voir : je suis le fantôme de Lorca.
Mais je suppose que le but de votre visite n’est pas de voir un fantôme (quoique
très intéressant) mais plutôt d’écouter mon histoire et mon lien avec
l’histoire de l’Espagne la plus récente.
Evitons
donc les biographies magistrales, le plus important c’est le moment où je
rentre en Espagne, de retour des USA en 1930 à la fin de la dictature de Miguel
Primo de Rivera et la proclamation de la première République (la bonne
blague ! =p). Je suis dramaturge et poète mais je n’ai pas été reconnu tout de suite… passons donc à
l’instant de ma vie le plus intéressant : ma mort en 1936 au tout début de
la Guerre Civile. Je me souviens avoir
quitté Madrid pour Grenade pour rejoindre ma famille et pensant me mettre à
l’abri mais ce sera aussi mon dernier lieu de vie… c’est que Grenade n’a pas
été la ville d’Andalousie la plus « ouverte d’esprit » si vous me
suivez… Bref, arrivons au point crucial : ma mort, je suis fusillé en 1936
par des phalangistes, par des extrémistes de droite qui ne m’ont pas pardonné
mon engagement en faveur de la République… parmi mes assassins il y a aussi des
individus jaloux de la position et de la fortune de mes parents… sans oublier
un défaut majeur… je suis pédéraste, imaginez dans l’Espagne des années 30...
Je me souviens avoir dit : « travailler et aider celui qui le mérite.
Travailler même si l’on se dit parfois que c’est en vain. Travailler en manière
de protestation ; parce que le premier mouvement serait de crier tous les
jours en se réveillant dans un monde plein d’injustices et de misères de tout
ordre : je proteste, je proteste, je proteste. »
Quoi
qu’il en soit je suis donc exécuté et
jeté dans une fosse commune près de Viznar à quelques kilomètres de Grenade… je
crois que c’était le 19 août 1936 mais je ne suis plus très sûr. On ne se
réveille pas un matin en se disant que c’est le dernier jour de votre vie. Sauf
pour le 21 décembre, vous avez eu peur hein ? Bref…
La
trop longue dictature de Franco (1936-1975) a laissé place à la transition
démocratique qui a mis en place la loi d’amnistie en 1977. Cette loi protège tous
les auteurs de crimes contre l’humanité qui se sont déroulés lors de la guerre
civile et la dictature franquiste. C’est comme arracher une partie de
l’histoire de l’Espagne, il ne s’est rien passé…c’est un choix qui a été
similaire chez vous aussi avec Charles de Gaulle et la mise entre parenthèses
de la question de la collaboration, vous savez le mythe résistancialiste :
« On était « tous résistants » (ou pas !) et bien en
Espagne c’était un bon dans l’histoire « on passe sur ». Même si certaines personnes passent outre
cette loi de l’oubli et veulent défendre la Vérité comme le juge Garzon, cet
homme condamné officieusement pour non-respect
des droits de l’homme envers des suspects (qui sont de vraies fripouilles mais
bon quand on est juge, procéder à des écoutes illégales peut poser problème)
mais officieusement parce qu’il était le chantre des condamnations de criminels
de guerre en Amérique Latine par exemple et qu’il avait voulu instruire le
dossier des responsables du coup d’Etat de 1936, de la guerre et de la
dictature : j’aurais pu être cité à comparaître si le Tribunal Suprême
l’avait laissé aller jusqu’au bout. Malheureusement depuis 2012, Garzón ne peut
plus exercer en Espagne, autant dire que c’est la mort d’une figure majeure de
la lutte contre l’oubli et l’impunité.
La
question des fosses communes est aussi un sujet brûlant, car il est nécessaire
d’identifier les victimes des fusillades (« ici on fusille comme on
déboise » disait votre compatriote Antoine de Saint-Exupéry) par question
de respect, mais cela irait à l’encontre de la loi de Amnistie, on ouvrirait
les fosses en même temps que les vieilles blessures ce qui n’est pas une bonne
chose selon certains notamment au Parti Populaire, le Parti au pouvoir
actuellement en Espagne, cela raviverait les tensions encore vives, ce que l’on a coutume d’appeler « Les
Deux Espagnes ». De ce point de vue-là, mon histoire et ma mort se sont
érigées en mythe et ce, dès 1936.
En
effet je suis mort pour mes idées et donc pour mes écrits, ce qui fait de moi
le martyr parfait, l’artiste mort pour ces convictions. Malgré tout, je n’ai
jamais fait partie de ce que l’on appelle les « poètes engagés », ma
poésie, mon théâtre, je les voulais universels et humanistes, jamais marqués
par l’idéologie : aucune faucille et aucun marteau dans mes œuvres ! Mais
j’ai une question : pourquoi moi ? Pourquoi seulement moi et pas
d’autres personnes ? D’où la question de l’origine et de la création des mythes
(mythe de l’intelligence assassinée, Mythe de Madrid entré en résistance face
aux totalitarismes) mais aussi du rôle que m’on m’a fait jouer lorsque
l’Espagne commence à sortir d’une étape historique marquée par l’amnésie
collective et que les Espagnols débattent du devoir de mémoire, un devoir
affirmé avec la Loi de la Mémoire Historique (LMH) présentée en 2006 et votée
en 2007, soit 70 ans après mon assassinat.
Donc,
la Loi de la Mémoire Historique est en quelque sorte l’opposé de la loi
d’Amnistie, elle prétend faire disparaitre tous les symboles du franquisme et
juge le franquisme comme « illégitime et illégal ». Mais le vœu qui
transparait dans cette loi est plus celui d’apaiser les tensions que de faire
un texte le plus révolutionnaire possible (j’ai cru comprendre que les
républicains catalans ne l’avaient pas votée car ils la considéraient comme
trop timorée puisque la responsabilité de l’Etat n’était jamais évoquée)
ah ! C’était pareil en France.
Mon
histoire est un vrai feuilleton télé. Si l’on revient à mon cas, personne ne
sais plus où je suis enterré précisément à Viznar. Coup de théâtre ! Il y aurait
des nouvelles fraîches je pourrais donc
être identifié et inhumé « como Dios manda » mais… en fait non, ma famille veut préserver mon image de
martyr intellectuel mort pour ses idées et qui ne trouve pas de réel repos la
preuve je suis là ! Mais elle dit que c’est aussi pour me protéger de la
potentielle exposition médiatique et commerciale. On me vendrait en petits
bouts ! Non je plaisante. Mon cas est très polémique ici et le retour de
ces questions sur la scène médiatique alimente le mythe et permet aussi de ne pas oublier. Je suis
déchiré entre réaliser le dernier vœu des membres de ma famille et celui d’être
le nouveau « patrimoine de l’humanité » comme le dit Ian Gibson.
Complexe comme situation vous ne trouvez pas ?
Avant
de repartir, je voudrais juste terminer sur la notion du temps, c’est le temps
qui fait et défait les mythes et c’est aussi lui qui fait évoluer les
mentalités de manière positive ou non. Dans le cas de la mémoire historique vous
pourrez peut-être dire que les politiques se moquent du monde car votre
génération est habituée et veut la vérité mais ici ne n’est encore que très
récent, et l’on sait que le changement fait peur. Il faut donc du temps. Mais
il ne faut pas rester passif ! Et comme je l’ai dit « Lo más
importante es vivir ».Exposé de Bastien (EC2): le dimanche 16 février à Grenade
Les
gitans aujourd'hui : une minorité intégrée ?
I)
Le peuple « rom » :
Le
peuple "rom" est un peuple hétérogène qui échappe à une unique
définition. Roms, Tsiganes, Gitans... Qui sont-ils ? Quelles sont leurs
origines ? Quelles sont les différences pour ne pas tout mélanger ?
Définitions.
Qui
sont vraiment les roms? En réalité, le terme rassemble sous le même nom divers
groupes d'individus ayant pour origine commune le nord-ouest de l'Inde et ayant
émigré en Europe et sur le continent américain depuis plusieurs siècles. Toutes
ces communautés peuvent être regroupées sous le nom de "Tsiganes" (ou
« Tziganes »).
Le
nom "rom" a ainsi été choisi par l'Union Romani Internationale en
1971 pour désigner l'ensemble des populations concernées à des fins de
simplification. L'Union européenne et le Conseil de l'Europe ont par la suite
repris officiellement ce terme. Le terme "rom" est ainsi le terme
générique employé par les Roms eux-mêmes et par plusieurs administrations en
Europe. Les historiens rappellent toutefois que les populations ainsi désignées
- 10 à 12 millions de personnes en Europe, 6 millions en Union Européenne - se
distinguent en trois ensembles principaux :
-
Les "Roms", originaires de Roumanie, Bulgarie, Grèce, Slovaquie,
Serbie, Hongrie : selon l'association Rom Europe, ils représentent 85 % des
Tsiganes européens. Leur arrivée en France s'est faite essentiellement en
plusieurs vagues migratoires : d'abord au lendemain de la Seconde Guerre
Mondiale, puis dans les années 1970 et enfin à partir des années 1990. S'ils
viennent de la même région de l'est de l'Europe, ils n'ont pas la même
nationalité, ni forcément les mêmes confessions religieuses, ni le même statut
administratif. Il y aurait entre 15 000 et 20 000 Roms en France, dont 85 % de
ressortissants européens, essentiellement bulgares et roumains.
-
Les "Sintés" et les "Manouches", installés en Italie, en
France, en Allemagne, ont quant à eux transité par les régions germanophones.
Ils représentent 5 % des Tsiganes européens.
-
Les "Gitans" ou "Kalés", vivant en Espagne, au Portugal et
dans le Sud de la France. Ils représentent 10 % du peuple tsigane européen.
II)
Les spécificités des gitans espagnols :
En
commençant par une citation de Federico García Lorca : "Le gitan est ce
qu'il y a de plus élevé, de plus aristocratique dans mon pays, celui qui garde
la braise, le sang et l'alphabet de la vérité andalouse et universelle".
Loin
d'être un simple groupe folklorique, les gitans sont les héritiers de cultures
multiples qui créent la richesse de leur identité. Selon le professeur Gunther
Dietz, auteur du rapport "L'Etat et les Roms en Espagne", les valeurs
traditionnelles des Gitans telles que la famille et le clan, la notion de
l'honneur, ou encore l'autorité accordée dans les familles aux
"anciens", sont conformes aux concepts de la culture traditionnelle
espagnole.
Le
détail le plus significatif de la culture gitane en Espagne est sans nul doute
le flamenco, mélange typique de musiques traditionnelles espagnoles et de
musiques tziganes jouées principalement à la guitare et s'accompagnant
généralement de danses. Ce syncrétisme culturel montre bien une acceptation des
gitans par les Espagnols. Lorsque l'on prononce le mot gitan le flamenco nous
vient souvent à l'esprit. D'origine arabe, juive, indienne…, la musique
flamenca se transmet principalement à l'oreille, comme dans le jazz manouche,
la musique est ici avant tout une affaire de transmission et d'écoute bien plus
que de la pure théorie musicale. Parmi les musiciens connus du flamenco nous
pouvons citer Paco de Lucia (guitariste), Camarón de la Isla (chanteur) et bien
sûr Manitas de Plata (littéralement, « petites mains d'argent »).
Pour ce qui est des danseurs nous pouvons citer Fuensanta la Moneta, Andres
Marin, Joaquin Cortes, Eva Yerbabuena ou encore Carmen Amaya. Sans oublier
Cristina Hoyos dont nous avons visité l’école de danse à Séville.
Le
jeu à la guitare :
Les
mouvements sont rapides et l'improvisation y est importante. La guitare
flamenca a beaucoup de caractère et se montre très expressive. Le rythme
caractéristique est percussif et suivi de battements donnés sur la table
d'harmonie de la guitare. Cette technique s'appelle le « Golpe » et
se réalise en tapant avec l'annulaire et le majeur, le pouce ou la paume sur la
table d'harmonie de la guitare. D’autres rythmiques existent comme le rasgueado
ou le picado. Ces différentes rythmiques sont regroupées sous le terme de
« compas ». Les guitaristes de flamenco ont recours à tous les
accords traditionnels (majeurs, mineurs, septième de dominante) ainsi qu'à des
cadences spécifiques au flamenco. Bien que les guitaristes modernes fassent
appel à d’autres combinaisons harmoniques (quartes, sixtes).
III)
L’intégration des gitans en Espagne :
Présente
depuis le XVème siècle en Espagne et sédentarisée de force, la communauté
gitane compte environ 800.000 personnes dans le pays. Tout au long des siècles,
les gitans n'ont pas été épargnés par les clichés, prenons pour exemple
l'entrée de la ville de Barcelone qui, au XVIIIème siècle, comportait un
panneau indiquant : '"entrée interdite aux gitans et autres gens de
mauvaise vie". Il s'agit d'une minorité qui a été et qui est toujours
stigmatisée en Espagne comme la population Rom, principalement venue de
Roumanie et de Bulgarie, l'est actuellement en France.
L'arrivée
de la démocratie et la Constitution de 1978 implique, du point de vue formel,
l'égalité des gitans devant la loi et l'entière citoyenneté. L’Espagne est l’un
des rares pays européens à avoir attribué le statut de minorité nationale à la
population gitane. On considère que le moment crucial et la percée symbolique
pour la question gitane se sont opérés lors du discours de Juan de Dios Ramírez
Heredia devant le Parlement, où il a été le premier Gitan à siéger, de 1977 à
1986. En 1985, après son discours enflammé sur les droits des Gitans, le
premier plan national d’égalité des chances en faveur de cette minorité a vu le
jour. Depuis 1989, une partie précise du budget y est consacrée.
Cependant,
l’intégration des Roms n’est pas terminée et il reste toujours à faire, même en
Espagne, pour faire vivre l’entente. Certains problèmes demeurent : une
pauvreté endémique, les frustrations d’une sédentarisation forcée ou l’éternelle
manifestation de préjugés au sein de la population. 40 % des Espagnols
déclaraient en 2006 « ne pas vouloir d’un gitan comme voisin » ce qui
prouve bien que l'intégration n’est pas acquise. Il reste des
quartiers-ghettos, seul un tiers des gitans va à l’école jusqu’à 16 ans, et
seuls 0,2 % des gitans vont à l’université (contre 20 % en moyenne nationale).
Des associations travaillent au quotidien sur ces questions comme par exemple
l’organisation Union Romani, dont le siège se trouve à Séville. L’association,
dont les dirigeants sont gitans, se décline dans toutes les grandes villes
espagnoles et fonctionne comme un véritable lobby politique avec un budget de
1,7 million d’euros.
Au
printemps 2010, le gouvernement a adopté un «plan d'action pour le
développement de la population gitane 2010-2012». Doté d'un budget de 107
millions d'euros sur trois ans, il prévoit des actions en matière d'éducation,
de santé, de logement, ainsi qu'en faveur des femmes. Pour mettre en œuvre sa
politique, l’Espagne fait appel aux fonds dédiés aux Roms par l’Union
européenne (45 millions d’euros). C’est le seul pays à avoir utilisé les moyens
mis à la disposition de tous les Etats membres pour faciliter l’intégration de
leurs minorités.
L’Espagne ne prétend pas que l’intégration
du peuple gitan soit parfaite sur son sol, mais elle a le mérite de mettre en
œuvre les moyens qui sont les siens pour faire avancer le dialogue, la
cohésion, et le bien-être des populations qui grandissent sur son sol.
Exposé d'Amir (EC2): le dimanche 16 février entre Grenade et Séville
Juifs
et Musulmans dans l'Espagne démocratique.
Nous nous intéresserons
au travers de cette réflexion à la place, à l'intégration et au bien-être de
ces deux communautés. Nous nous concentrerons tout d'abord sur l'intégration
des musulmans espagnols pour ensuite nous intéresser à celle de la communauté juive.
Selon un rapport publié
par le gouvernement de Zapatero (dirigeant issu du PSOE, le parti majoritaire
de gauche en Espagne) avant la défaite électorale de 2011, 70% des 2 000
musulmans d’origine immigrée interrogés plébiscitent une démocratie où la
tolérance n’est pas dévoyée par des visées électoralistes, et dans laquelle ils
affirment couler des jours heureux. Originaires pour une large part du Maroc,
les musulmans d’Espagne, qui représentent 767 000 personnes sur 45 millions
d’habitants, constituent une population jeune et très bien intégrée par une
implication sociale active. Ainsi, 89% estiment qu’il est possible d’être à la
fois « bon musulman » et « bon Espagnol », 84% assurent n’avoir rencontré
aucune difficulté pour pratiquer leur religion, et 83% que l’Etat doit rester
neutre en matière de religion. Par
ailleurs, 94% des individus sondés pensent qu’il faut respecter les croyances
religieuses des autres, 81% que les non croyants sont aussi respectables que
les croyants, quand seulement 14% d’entre eux désapprouvent un mariage avec une
personne d’une autre religion.
Ainsi, il semble ici
évident qu'islam et démocratie sont compatibles au
pays de Cervantès.
Mais où se concentre la
communauté musulmane ? L’islam en Espagne est représenté, dans ses deux
composantes, sur l’ensemble du territoire. Néanmoins, l’islam naturalisé se
concentre dans les provinces andalouses où il est enraciné historiquement,
Cordoue, Grenade et Séville, et dans les villes de Ceuta et Melilla, où
s’installèrent entre 1960 et 1970 des musulmans marocains, qui, par le biais de
la première Ley de Extranjería espagnole,
promulguée en 1985, obtinrent la nationalité espagnole. L’islam immigré connait
une plus forte présence dans des régions comme la Catalogne, Madrid et
l’Andalousie, régions dans lesquelles s’établirent les premières communautés de
musulmans immigrés dans les années quatre-vingt.
Les plus grandes densités de population musulmane se rencontrent,
par ordre décroissant, dans les provinces de Barcelone, Madrid, Murcie,
Almeria, Gérone, Tarragone, Alicante et Malaga. Cependant, même s'il est
délicat de tirer un bilan empirique, nous constatons avec l'augmentation
exponentielle de la crise économique, un regain non négligeable de
l'islamophobie en Espagne où les immigrants, pour une grande partie d'origine
musulmane sont les boucs-émissaires d'une société où le chômage concerne plus
de 25% de la population active.
Lorsque l'on évoque
l'Espagne et le judaïsme, en général un élément nous vient immédiatement à
l'esprit: l'Inquisition (instituée par les Rois catholiques
en 1478 à la suite de la Reconquista et abolie en 1834) la communauté a très clairement vu sa condition s'améliorer dans
l'Espagne démocratique.
Caroline Aisen,
coordinatrice de l’Observatoire sur l’antisémitisme, souligne que jusqu’à présent, l’antisémitisme
ne comporte plus aucun acte de violence (sic)...La
plupart du temps, « les attaques » consistent en des écrits ou des commentaires
offensants sur les différents médias ou sur Internet sans qu’il y ait
d’agressions physiques.
L'exemple le plus
éloquent de réconciliation entre l'Etat espagnol et la communauté juive est la
décision récente du gouvernement Rajoy de donner la nationalité espagnole à
tous les juifs séfarades le 22 novembre 2012. L'initiative des
députés du Partido Popular vise essentiellement à renouer avec une histoire de
l'Espagne d'avant la « Reconquista ». Les députés croient que l'heure est
propice à réparer une injustice qui remonte à plus de cinq siècles et considère
l’apport séfarade comme une réalité incontournable : après tout, 20% des
Espagnols auraient des ancêtres juifs. Déjà en 1992, à l’occasion de
l’anniversaire de la Découverte du Nouveau Monde, le Roi Juan Carlos s’était
exprimé sur la tragédie de l’expulsion massive de 1492. A cette époque les rois
catholiques (Ferdinand et Isabelle) avaient accordé aux juifs, par le biais du
décret de l'Alhambra, un délai de quatre mois (à partir de mars) pour se
convertir au christianisme ou quitter le territoire. La majorité avait alors
préféré l'exil en grande partie au Maroc.
Voyons désormais dans
quelles parties du territoire se concentre la communauté juive composée de
12 000 personnes environ. La communauté juive en Espagne se concentre
majoritairement dans les grandes villes comme Madrid, Barcelone ou Séville, et
dans les zones du littoral méditerranéen comme le Levant espagnol (Alicante et
Valence) ou la Costa del Sol andalouse (Malaga, Marbella et Torremolinos). Il
faut également mentionner les communautés de Ceuta et Melilla formées de
familles séfarades originaires du Maroc et de l’Algérie.
La communauté juive
espagnole a connu un accroissement numérique au long du XXe siècle, d’abord par
l’arrivée de familles originaires d’Europe occidentale et fuyant leur pays lors
de la Première et de la Seconde Guerre Mondiale. La fin du protectorat espagnol
au Maroc en 1956 entraina pour sa part l’exil volontaire de nombreux juifs vers
des villes comme Ceuta, Melilla et Malaga.
Terminons maintenant sur
la reconnaissance des minorités par l'Etat et leur mode d'organisation.
La Constitution espagnole de 1978 établit une large reconnaissance
du droit de liberté religieuse tant dans sa dimension individuelle que
collective. L'article 16 le stipule très clairement. Dans le premier paragraphe
: »la liberté idéologique, religieuse et de culte des individus et des
communautés est assurée, sans plus de limitation de ses manifestations que
nécessaire pour le maintien de l'ordre public garanti par la loi ». Ainsi,
contrairement au statut de « dhimmis » d'autrefois, les minorités
ethnico-religieuses peuvent exercer leur culte librement et ceci sans la
nécessité de se cacher ou d'être considéré comme inférieur. L'exemple le plus
probant de cette victoire est la possibilité du port du voile à l'école. En
effet, l'Espagne et l'Islam partagent une histoire commune, il est donc évident
que l'Etat espagnol laisse la possibilité à ses citoyens musulmans la
possibilité de se vêtir selon leurs préceptes religieux. Malgré tout, l'affaire
de l'interdiction du voile dans un lycée de la banlieue de Madrid a remis au
goût du jour le port du « hijab » dans les écoles en divisant toute la classe
politique, certains se portant garant de la laïcité quand d'autres soutiennent
la tolérance.
De plus, pour permettre l'expression des revendications et la
défense des intérêts de ces communautés, il existe la « Federación de
Comunidades Judías de España » et la « La Unión de Comunidades Islámicas de
España ». Par exemple, les deux communautés n'ont pas hésité à faire connaître
leur point de vue via leur association respective contre la loi sur
l'avortement. Ces organisations profitent par ailleurs de subventions de l'Etat
par le biais de l'IRPF (Impôt Revenu Personne Physique : Impuesto sobre la
Renta de las Personas Físicas) pour la construction de lieu de culte par
exemple. Cela montre au passage, la réelle considération dont témoigne l'Etat
espagnol à l'égard de ses communautés religieuses. Ou serait-ce le signe que l’Etat espagnol peine à s’affirmer comme un
Etat vraiment laïc ?
Ainsi,
malgré les épisodes douloureux qui semblent appartenir à un
|
|
passé
lointain
|
,
nous pouvons très clairement affirmer que l'Espagne est désormais un modèle
d'intégration pour ses partenaires.
|
Exposé de Chloé G. (1L): le dimanche 16 février entre Grenade et Séville
Al-Andalus et Al Qaeda
Introduction :
Al-Andalus désigne à la fois une époque et un
territoire : c’est en 711 que se met en place l’invasion arabe, et
l’occupation durera près de 800 ans jusqu’en 1492. Après l’amorce de la
Reconquista mise en place par Los Reyes
Católicos Ferdinand d’Aragon et
Isabelle de Castille, Grenade fut reprise par les chrétiens en 1492. Beaucoup
de juifs et de musulmans durent partir ou se résoudre à une conversion forcée. Cette
période reste encore dans les mémoires des musulmans, ce qui se traduit par de
nombreux écrits où Al-Andalus est comparé à un paradis et à une période
incomparable qui est désormais perdue.
Mahmoud
Darchwin, poète (QUELLE
NATIONALITE ?) du XXème siècle, écrit dans « J’ai un ciel derrière le
ciel » : « L'étranger
est passé
Portant sept siècles de chevaux. Il est passé là l'étranger
Pour que l'étranger passe là-bas. Je sortirai sous peu
Des rides de mon temps, étranger à Shâm et à l'Andalousie
Cette terre n'est pas mon ciel, mais ce soir est mien
Et les clefs m'appartiennent, et les minarets et les lanternes, et moi
Également, je m'appartiens. Je suis l'Adam des deux Éden
L'un et l'autre perdus
Alors chassez-moi lentement,
Et tuez-moi lentement
Sous mon olivier
Avec Lorca. »
Portant sept siècles de chevaux. Il est passé là l'étranger
Pour que l'étranger passe là-bas. Je sortirai sous peu
Des rides de mon temps, étranger à Shâm et à l'Andalousie
Cette terre n'est pas mon ciel, mais ce soir est mien
Et les clefs m'appartiennent, et les minarets et les lanternes, et moi
Également, je m'appartiens. Je suis l'Adam des deux Éden
L'un et l'autre perdus
Alors chassez-moi lentement,
Et tuez-moi lentement
Sous mon olivier
Avec Lorca. »
Le
poète syrien Nazir Kabbani disait : «l'histoire arabe contemporaine est
celle d'un 1492 interminable », depuis la perte d’un monde sur lequel
ils ont régné, les musulmans pensent être victimes d’une malédiction depuis la
Reconquista.
I-Rancœur des islamistes radicaux : la
volonté de refaire d’Al-Andalus leur terre
a)
Aujourd’hui, dans les secteurs les plus
radicaux, il n’y a plus seulement de la nostalgie envers cette époque synonyme
de richesse pour les musulmans, mais une réelle intention de reconquérir la terre
sur laquelle ils ont régné pendant 800 ans. Cette intention peut se traduire par
des actions violentes ou terroristes, orchestrées par Al-Qaeda ou d’autres
ayant la même volonté. Al-Qaeda est présent dans le Nord de l’Afrique avec AQMI
(Al-Qaeda au Maghreb islamique). Le bras droit d’Oussama Ben Laden, Ayman El
Zawahiri, déclare en février 2007 : « Je souhaite aux
militants d'Al-Qaïda dans le nord de l'Afrique qu'Allah vous concède la faveur
de fouler bientôt de vos pieds purs le sol usurpé d'Al-Andalus » Sur la
chaîne Al Jazeera il rajoute : « Nous essayons de libérer
tout ce qui un jour fut une terre de l’Islam, depuis Al Andalus jusqu’à l’Irak.
» Il incite
les fidèles du Nord de l’Afrique et ceux déjà établis en Espagne à soutenir le
djihad pour « reconquérir l’Andalousie musulmane ».
Au Maroc une cellule terroriste nommée
« Fath Andalus » qui signifie « Reconquête d’Al Andalus »
aurait été démantelée en septembre 2008. Cette
cellule aurait voulu causer des attentats contre les intérêts espagnols sur le
territoire marocain. Par exemple contre les villes de Ceuta et Melilla, deux
villes espagnoles autonomes depuis le 14 mars 1995, situées au Maroc. Ces deux
enclaves font débat, la présence des Espagnols au Maghreb irrite Al Qaeda,
d’autant plus que la population y est à 40% musulmane.
Un
attentat majeur s’est déroulé en Espagne, qui pouvait avoir un fond de
ressentiment lié à l’ancienne souveraineté des musulmans, mais aussi à la
présence militaire espagnole en Irak. Je veux parler de l’attentat du 11 mars 2004,
où des bombes ont explosé dans des trains de banlieue reliant Alcalá à la gare
d’Atocha, faisant 192 morts.
b)
Nous
pourrions aussi formuler une autre hypothèse quant à une supposée
« reconquête », en évoquant l’état de l’immobilier en Espagne. Les
prix chutent, et certains Algériens se réjouissent de voir leur « ancienne
terre » de nouveau accessible, car les prix à Oran par exemple frisent
80 000 euros pour 40 000 euros à Alicante, et ce, pour le même
espace. L’immigration en provenance d’Oran vers la côte espagnole est l’une des
plus denses, l’Espagne est en mal de clients et L’Algérie de logements. Cela pourrait-il
être, d’une façon détournée et pacifiste, une forme de « reconquista »
musulmane ? Nous nuancerons nos propos en rappelant que les Asiatiques
choisissent massivement l’Andalousie pour les mêmes raisons économiques et que
de nombreux Français s’installent au Maroc pour y passer leur retraite en
échappant ainsi à la baisse de leur pouvoir d’achat.
II- Les deux sociétés : un contraste
a)
Aux rancœurs
liées à la perte d’Al-Andalus s’ajoute une différence de taille entre la société
marocaine et espagnole : Seuls 15 kilomètres depuis la côte espagnole les
séparent et pourtant c’est un tout autre paysage et un tout autre mode de vie. Par
ailleurs, il se trouve que l’Espagne se place à la 23ème place dans
le classement de l’Indice de Développement Humain alors que le Maroc se trouve
à la 130ème place. Alors quel est le sentiment général ? Un
territoire à l’économie souvent florissante sous domination musulmane pendant
près de 8 siècles et maintenant…
Beaucoup
de Maghrébins vont aussi étudier en Espagne, et qualifient l’état de leur pays
natal de « moyenâgeux » par rapport à leurs conditions de vie
actuelles dans le pays d’accueil.
b)
C’est
pour cela que l’Espagne doit aussi gérer une immigration massive venant du
Maghreb, quoique de nombreux travailleurs maghrébins fassent le choix de
repartir au pays à cause de la crise. D’où les lois censées renforcer les
frontières en terme d’immigration : en octobre 2003 une loi (Ley de
Extranjería) a été mise en place pour sanctionner les tentatives d’entrées
illégales avec des interdictions allant jusqu’à 10 ans.
De nombreux bateaux transportant des immigrés
illégaux font la traversée de la Méditerranée à leurs risques et périls. En
effet, les embarcations de fortune nommées les « pateras » subissent
de nombreux naufrages et provoquent donc la mort de centaines de personnes. Le
directeur adjoint Gil Arias (de l’Agence européenne pour la gestion de la
coopération opérationnelle aux frontières extérieures-Frontex) a affirmé sur
Efe (agence de presse espagnole). que plus de 2600 clandestins sont entrées en
Espagne au début 2011.
.
Conclusion : Al Andalus est un Age d’or pour les musulmans, un passé
glorieux qu’ils contemplent avec d’autant plus de nostalgie que leurs sociétés
actuelles ne leur apportent pas forcément de satisfactions : pouvoirs
souvent corrompus, difficultés à concilier traditions et modernité, tensions
entre Orient et Occident… Les extrémistes profitent parfois de ce
mécontentement pour avancer cette
théorie de la refondation nécessaire du grand Califat de Cordoue. Encore
faudrait-il que l’Histoire puisse se répéter….
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire