dimanche 23 février 2014

R comme

- R comme Reddition: M. Darier aura beaucoup insisté, tout au long de la matinée du samedi 15 février qui nous entraîne dans la Grenade de la fin de la Reconquête, sur les préjugés bien ancrés concernant 1492 que chacun considère comme la fin de la bataille ou comme la "chute" ("la caída de Granada"). Son exposé sur le parvis de la cathédrale permettra, avant de s'intéresser aux détails de la façade principale, de revenir sur cette confusion sémantique et de rappeler les liens de vassalité qui existaient depuis des décennies entre le royaume nasride et la Castille.
- R comme Renaissance: Passionnant d'étudier les mutations connues par la cité à travers quatre édifices emblématiques: le Corral del Carbón, le seul caravansérail du monde occidental devenu espace théâtral baroque puis halle au charbon; l'ancienne Madrasa de Yusuf I devenue Université sous Charles Quint après avoir subi les foudres de l'archevêque Cisneros (c'est à ce dernier que l'on doit l'autodafé de la bibliothèque mis en scène sur la Place Bib-Rambla); la cathédrale, énorme masse coincée entre les bâtiments environnants qui, contrairement aux cathédrales de Séville et Cordoue, n'a ni patio ni esplanade pour prendre l'air; la chapelle royale qui abrite les sépultures des Rois Catholiques et des parents de Charles Quint.


- R comme Reconquête religieuse: C'est à la fois le commentaire historique et architectural de M. Darier mais aussi les exposés de Sabrina sur 1492 et de Laurie et Théo sur le rôle de l'Inquisition dans l'élaboration des statuts de pureté de sang et dans la persécution des cristianos nuevos ("nouveaux chrétiens") qui nous font prendre conscience du changement de cap opéré au XVème siècle en territoire chrétien où le processus de Reconquête entre dans sa phase ultime et devient définitivement une guerre de religion (processus amorcé au XII-XIII avec notamment la victoire de las Navas de Tolosa en 1212).
- R comme Reine Catholique: Fernando et Isabel ont leur avenue en plein centre XIX, leur sépulture côte à côte mais Isabel a sa place et sa statue avec l'éternel Colomb agenouillé comme dans une idylle suggérée, la chapelle royale a été conçue par la reine de Castille qui a soigneusement sélectionné les artistes qui ont conçu la grille de fer forgé, les peintures et sculptures, le style des arcades est bien isabelino... Isabel "tanto monta" comme nous le rappelle la célèbre devise.




- R comme Rayons de soleil: Le soleil est avec nous depuis le lever et fait miroiter la pierre reconstituée des grandes avenues XIX, les pavés de la Grenade Renaissance et les galets de l'Albaicín que nous allons explorer dans l'après-midi.



- R comme relectures: L'archange Michel/ Miguel qui protège la cité bien catholique de son épée brandie au sommet d'une coupole nous invite à lire un court extrait du Romance de Federico García Lorca, séduit par la dentelle de sa jupette qui laisse découvrir ses jolies cuisses. L'archange Raphaël/ Rafael avait veillé sur nous à Cordoue. Une autre lecture séduira tout particulièrement le groupe, un extrait du Médecin de Cordoue d'Herbert le Porrier (1974) où il est question de la destruction de la grande bibliothèque de Cordoue par Al-Mansour, le nouveau conquérant almohade. A Grenade, nous n'oublions pas Cordoue.
- R comme Romances: C'est à une promenade littéraire que nous invitons le groupe dans l'après-midi, malgré tout M. Darier fera un point nécessaire sur l'Albaicín, des origines au XXème siècle. Nous poursuivons avec M. Müller notre (re)découverte de la poésie de Lorca: commentaires et lectures de poèmes vont ponctuer notre montée à l'assaut du quartier primitif, de cette première moitié de la grenade. Quelle vision de la ville dans la poésie et les conférences du poète? Nous y répondons par l'évocation du thème de l'espace clos, par la question de la dimension idéale, par la description des personnages qui peuplent le Poema del Cante Jondo ( 1921-1931) et le Romancero Gitano (1929) et par l'analyse de l'engagement républicain et humaniste de Lorca en faveur des minorités culturelles, religieuses et sexuelles. Les miradors nous permettent de faire des haltes reposantes et de contempler à la fois la ville moderne mais aussi de découvrir, arrivés à San Nicolás, l'Alhambra, sur l'autre moitié de la grenade. Les étudiants se prêtent au jeu et sont à l'affût des moindre détails qui rappellent que Lorca a fréquenté les lieux et s'en est inspiré: vu, par exemple, sur la placette San Miguel un "lagarto de Lorca" .



- R comme Realejo: Nous accordons un long temps libre en fin d'après-midi pour des achats éventuels et une découverte en autonomie avec questionnaire du Realejo, pour les plus courageux (Laurie et Théo cette fois-ci!). Le groupe se disperse après une descente échevelée de l'Albaicín et du Paseo de los Tristes noir de monde: Les Grenadins profitent du beau temps en famille et la promenade  au pied de l'Alhambra est particulièrement animée: groupes musicaux et terrasses invitent à ralentir et à prendre un peu le temps de vivre, ce que nous faisons bien volontiers. Les consignes sont données, nous nous séparons quoique pas bien longtemps car un petit groupe très motivé se retrouve pour visiter les Bains arabes du XIème siècle parfaitement conservés.
- R comme Rendez-vous mystérieux: Un petit groupe a pris en charge l'organisation de la soirée d'anniversaire surprise de nos deux verseaux, M. Darier (né justement le 15) et M. Müller. Merci à eux, et notamment à Malika et Julia, car ils auront beaucoup couru pour réserver dans un salon de thé mauresque, pour commander des gâteaux, acheter des bougies, des cadeaux pour les trois professeurs... Nous passons une excellente soirée, Teo s'est joint à nous et nous pouvons enfin nous détendre car il aura fallu manœuvrer habilement pour que JMD et PM ne se doutent de rien. Avant la tetería, c'est à Chloé L. de nous ménager une superbe surprise avec une mise en scène très originale de son exposé consacré à Lorca et la mémoire historique. Un costume-cravate a voyagé depuis la France pour que l'évocation soit plus parfaite. VOIR EXPOSE SUR PAGE ANNEXE.

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