mercredi 1 janvier 2014

Daniel Barenboim et son West-Eastern Divan Orchestra  se sont installés en 2006 dans le cadre de la huitième merveille du monde, l’Alhambra de Grenade: le projet de jouer en Egypte était bien trop risqué. Je me souviens de ce concert hautement symbolique que j'avais vu sur Arte. Hormis le plaisir de revoir les lieux, je me souviens assez bien du programme et de l'atmosphère qui régnait sur place.

« Les Soldats de la Paix de Barenboim », ainsi les a-t-on surnommés, sous la direction attentive et maîtrisée de leur fondateur (rappelons le rôle majeur de l'intellectuel palestinien Edward Saïd dans la création de l'orchestre et de la fondation jusqu'à sa mort, en 2003), ont choisi le combat pour la paix, sans la violence des mots et des armes, seulement avec la magie des sons. La musique, langage universel, n’est-elle pas vecteur de réconciliation ? C'est tout du moins mon point de vue et le sens de certains messages déjà postés sur le blog.

Ce que nous avons entendu en 2006 et à chaque fois que se produit cet orchestre de jeunes gens talentueux issus d'Egypte, de Syrie, du Liban, de Palestine, de Jordanie et bien sûr d'Israël, tout du moins quand des fanatiques ne les empêchent pas de jouer, c’est le cri de détresse, mais aussi de courage et d’espoir, que Daniel Barenboim lance aux dirigeants du monde : « Vous n’avez rien compris ! Cessez vos meurtres insensés ! Les peuples sont fraternels, les hommes de pouvoir, criminels."

Je me souviens que Barenboim, pianiste prodigieux et chef d'orchestre exigeant, argentin de surcroît (mais la nationalité a-t-elle un sens pour les musiciens de cette dimension?) avait ouvert ce concert avec Ludwig van Beethoven, homme révolté, homme libre et passionné, musicien de génie.

Je me souviens qu'il avait poursuivi ensuite avec la « Fantaisie pour violoncelle et contrebasse sur un thème de Giaccomo Rossini », de Giovanni Bottesini, jouée magnifiquement par deux solistes de grand talent, l’un israélien, l’autre palestinien, qui avaient interprété cette œuvre mineure d’un compositeur peu inspiré, l'un à côté de l'autre, montrant au monde que l’espoir n’est pas vain.

Je me souviens qu'il avait terminé avec la première symphonie de Johannes Brahms. Cette œuvre, monument du romantisme, réclame avant tout, une puissance émotionnelle que rien ne doit affecter. Elle est d’un seul jet, dirigée vers un horizon de lumière. Dirigeant de mémoire, le Maître disait ce qu’il voyait et entendait dans sa tête, fouillait dans sa mémoire et en oubliait tout le reste, même parfois ses musiciens. Il transmettait l’image brisée qu’il connaît si bien, la fraction continuelle des peuples, cachant un avenir incertain. 

Enfin, je me souviens que respectant ses propres convictions, Daniel Barenboim, n’hésita pas à rajouter à la fin, (bis oblige), le compositeur tant décrié, du peuple juif, Richard Wagner et son chef-d’œuvre absolu : "Tristan et Iseult, prélude et mort d’Iseult". Les musiciens et leur chef transfigurés par cette musique venant d’ailleurs, criaient à notre monde, leur indignation. La paix c’est l’amour de Tristan pour Iseult, c’est l’amour d’Iseult pour Tristan. La paix c’est l’amour pour la réconciliation.

Que notre année 2014 que nous allons démarrer en Andalousie, soit celle de la paix et de la réconciliation!



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