mercredi 1 janvier 2014

« vanité des vanités, tout est vanité et poursuite du vent » ou la rencontre du macabre sur les traces de Don Juan



Charmante vision ( intitulée "l'aboutissement de toute gloire de ce monde" = Finis gloriae mundi ) que vous croiserez sans doute en suivant Madame Di Marco sur les traces de Don Juan dans l'hôpital de la Charité de Séville ...

mais avant et "en un clin d'œil" ( "in ictu oculi" en latin, c'est le titre du tableau suivant):




Ce sont deux tableaux de
Juan Valdés Leal,   Peintre espagnol (Séville 1622  – id. 1690)
qui atteint ici la quintessence d'un art baroque violent et allégorique.


Ces deux grandes toiles de l'hôpital de la Charité  atteignent le paroxysme du macabre.


Ces deux  toiles,  Finis Gloriae Mundi et In ictu oculi, correspondent à une esthétique baroque.  un baroque qui se caractérise bien ici par l’exagération, la surenchère, la surcharge décorative, les effets dramatiques, la tension, l’exubérance, la grandeur parfois pompeuse, et le contraste…

Finis Gloriae Mundi et In ictu oculi s'inscrivent dans un genre particulier qui connaît un grand engouement  au XVIIème siècle : genre appelé "Vanité ", dans l'esprit de  la formule de l’Ecclésiaste (Ancien Testament, Bible) : « vanité des vanités, tout est vanité » !
Le terme traduit par « vanité » signifie littéralement « souffle léger, vapeur éphémère ». Le message est donc de méditer sur la nature passagère et vaine (d’où « vanité ») de la vie humaine, l’inutilité des plaisirs du monde face à la mort qui guette. Une vanité est une  composition allégorique suggérant  que l'existence terrestre est vide, vaine, la vie humaine précaire et de peu d'importance.

Dans les vanités, les objets représentés sont tous symboliques de la fragilité et de la brièveté de la vie, du temps qui passe, de la mort. Parmi tous ces objets symboliques, le crâne humain, symbole de la mort, est l’un des plus courants. On retrouve ce memento mori (souviens-toi que tu mourras) dans les symboles des activités humaines : savoir, science, richesse, plaisirs sexuels outranciers, beauté immaculée… Les vanités dénoncent la relativité de la connaissance et la vanité du genre humain soumis à la fuite du temps, à la mort.

 Ici   la vanité des biens terrestres se spécifie en :  

·         vanité du savoir: livres  



·         vanité  du pouvoir surtout :  sabres,  couronnes et sceptres. Et spécificité importante ici : vanité du pouvoir religieux (tiare) comme du pouvoir politique séculier !

·         vanité universelle : la mort triomphe posant son pied dominateur sur le globe terrestre...  


Les vanités évoquant  le caractère transitoire de la vie humaine :  squelette, bougie éteinte in ictu oculi = en un clin d'œil ou en un battement de paupière..
 
 
Bonnes méditations morbides !

4 commentaires:

  1. Contemporain et ami de Murillo, Valdés Leal exprime une sensibilité diamétralement opposée. Totalement indifférent à la beauté physique, à la séduction charnelle, son art se définit par un expressionnisme dramatique: saisir le mouvement, la tension pathétique dans son dynamisme intéresse le peintre bien plus que l'équilibre ou l'harmonie gracieuse.
    Murillo excellait dans la tendresse et la joliesse, par exemple dans ses portraits de Marie, alors que Valdés Leal se distingue par sa violence quasi expressionniste, conciliant le concret le plus réaliste et l’allégorie typique des Vanités.

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  2. Sympa pour démarrer l'année 2014!

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  3. de quoi relativiser beaucoup de choses "importantes"

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