dimanche 5 janvier 2014

El duende en Bourges!

La musique arabo-andalouse a certainement des origines fort lointaines (puisqu’elle est liée à l’installation à Cordoue en 822 de Ziryab, le Merle Noir, qui fuyait Bagdad et trouva en Andalousie sa terre promise) mais elle reste une musique vivante pour deux raisons.



 D’abord parce que des musiciens originaires du Maghreb - à Alger ou Constantine, au Maroc - continuent à la jouer et font vivre ainsi cette tradition millénaire non écrite qui répond à des règles strictes (celles de la Nouba) mais qui sait laisser une place à l’improvisation et l’ornementation comme le cante jondo des gitans ou le jazz des afro-américains. Ensuite parce qu’elle est présente là où on ne l’attend peut-être pas, dans certaines oeuvres de Saint-Saëns, dans l’émergence d’un mouvement d’émancipation des femmes en Algérie avec de plus en plus de chanteuses qui reprennent ce répertoire (comme l’Algéroise Nassima, chanteuse et médecin-gynécologue), dans les textes d’Abd Al Malik qui chante lui aussi le Détroit de Gibraltar et le "vivre ensemble".

Parler de musique arabo-andalouse c'est avant tout:


- découvrir les instruments anciens (le Oud, instrument roi, luth oriental et sa variante andalouse inventée par Ziryab avec l’ajout d’une cinquième corde ; le Qanoun (cithare), le Rebab (instrument à cordes frottées) et les flûtes comme le Ney) qui ont appris au cours des siècles et des migrations de populations (installation de musiciens juifs et musulmans au Maghreb après les expulsions du XVème siècle et du XVIIème siècle ; installation d’artistes français, italiens, espagnols à partir du XVIIIème siècle...) à coexister avec d’autres instruments plus connus en Occident: le violon, la mandoline, le piano. N'oublions pas que les orchestres de musique arabo-andalouse ont vraiment leur spécificité instrumentale et qu'il existe aujourd'hui des différences importantes entre villes et pays (pas de piano ou de mandoline par exemple chez les musiciens du Hadj Fergani de Constantine).



- rappeler que cette musique arabo-andalouse est aussi un exemple de cet "entre-deux-mondes", frontière culturelle faite d’échanges entre artistes d’origines et de religions différentes, rencontres musicales d’aujourd’hui (pensons au retour à la tradition du Malouf - école de musique arabo-andalouse de Constantine qui perpétue l’héritage sévillan- que fait depuis quelques années Enrico Macias, juif originaire de Constantine et qui chante aux côtés de musiciens musulmans, perpétuant ainsi la tradition de Raymond Leiris, dit Cheikh Raymond et de Mohamed Tahar Fergani) et de jadis (nombreux étaient les contacts entre les musiciens andalous et les troubadours, nombreux étaient les musiciens mudéjars (musulmans en terres chrétiennes) à la Cour du Roi Alphonse X Le Sage). 


- s’étonner du parcours de Ziryab, originaire de partout à la fois : de Tanzanie, d’Iran,d’Irak, du Kurdistan... et artiste aux multiples facettes qui sut inventer un véritable art de vivre dans "un monde de brutes" : musicien, cuisinier, designer, styliste...

Ziryab, le Merle Noir

Cordoue, IXème siècle



Pour en savoir plus:



Pour écouter un zajal par le grand maître Taoufik Bestandji:




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire